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Les états anémiques consécutifs aux dyspepsies s’expliqueraient de même par le déficit du fer alimentaire, précipité avant toute pénétration. — Et, du même coup, l’on comprend enfin l’utilité des médicamens martiaux, alors même qu’ils ne sont pas absorbés. Plus sensibles encore que les composés organiques à l’action réductrice des sulfures alcalins et de l’hydrogène provenant des fermentations intestinales, ils se détruisent les premiers ; ils attirent sur eux tout l’effort destructeur et ils l’épuisent. Ils protègent ainsi l’aliment ferrugineux organique ; ils lui permettent de s’absorber, de ravitailler le sang, de rétablir l’équilibre un moment rompu, et ils contribuent ainsi à la restauration de la santé.


III

Le rôle biologique du fer et ses mutations peuvent maintenant être saisis facilement.

En si faible quantité pondérale qu’il existe dans les tissus, le fer n’en est pas moins un élément essentiel à leur constitution ; et, comme tous les élémens qu’utilise la matière vivante, il est soumis à la grande loi de mutation, c’est-à-dire qu’il doit se renouveler. La nature a horreur, non pas du vide, mais de l’immobilité : elle fait un grand nombre de choses qui sont absurdes, envisagées au point de vue économique ; elle rejette au lieu de conserver ; elle détruit de fond en comble, au lieu d’utiliser la besogne qu’on lui offre à moitié faite. Et ceci a une raison profonde que l’on saisit en étudiant l’énergétique des êtres vivans. Il faut donc, conformément à la loi, que le fer soit puisé à l’extérieur par l’alimentation, incorporé pour un temps à l’édifice vivant, puis sans cesse rejeté hors de l’organisme. Le cycle vital qu’il parcourt commence à l’aliment et finit à l’excrétion.

Le point de départ, nous le connaissons, c’est quelqu’une des combinaisons désignées sous le nom abréviatif de « fer organique ». La circulation distribue le fer sous cette forme aux différens organes et particulièrement au foie qui est en quelque sorte sa première station, et le dépôt où il s’accumule pour parer aux besoins imprévus. D’autres organes, la rate, la moelle des os, en reçoivent encore un assez fort contingent ; puis, viennent les autres tissus, le muscle, les glandes, dont les exigences sont beaucoup moindres. Le tout ne va guère au-delà de quelques grammes, une dizaine au plus pour l’homme moyen.