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LA BOUCLE DU NIGER

Depuis six mois, la France et l’Angleterre négocient : sur le bas Niger, comme en bien d’autres lieux, leurs intérêts sont opposés. Nous désirons nous accorder avec la Grande-Bretagne. Y parviendrons-nous ? Une première fois déjà le brusque départ des envoyés anglais avait suspendu les débats, et depuis chacun avait étendu sa domination. Il a fallu reprendre l’entretien : les questions de principe restaient entières et, en fait, les soldats des deux nations se rencontraient, — fort poliment d’ailleurs, — sur une foule de points. Naturellement ces terres occupées sont objet de litige. Les Anglais nous parlent de traités antérieurs ; mais nous ne croyons pas pouvoir leur attribuer la moindre valeur diplomatique, ni même souvent admettre leur existence ; comment s’entendre ? De chaque côté les ministres se disent et se sentent appuyés par une opinion publique intraitable ; comment se faire des concessions ? Nous voulons pourtant la paix. Malgré quelques mots un peu vifs, nous restons modérés et ne haussons pas nos prétentions au-delà de nos désirs pour obtenir, au rabais final, l’exacte satisfaction de nos droits. Au débat diplomatique, que nous voulons loyal, nous ne joignons ni violences de presse, ni menaces, ni mouvement de troupes. Avant qu’il soit clos, voyons-en ici l’objet, la valeur, les origines ; nous conclurons ensuite, peut-être autrement que les négociateurs, mais, nous le croyons, avec justice.


I

Si, physiquement, la boucle du Niger ne comprend que sa rive droite, politiquement, on y joint les régions où coulent son