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ridiculisaient le champion du Transvaal ! La question d’Egypte explique tout. L’Angleterre pense-t-elle, toujours et partout, à se maintenir sur le Nil ? l’Allemagne à envahir la Chine ? L’avenir seul le dira. Le conflit de leurs intérêts au Chan-Toung les divisera peut-être encore.

L’hostilité de ces deux nations, si forte il y a deux ans, n’est donc plus un élément important dans le débat. L’Angleterre craignait alors un rapprochement entre l’Allemagne et la France. Elle s’est, depuis lors, crue plus libre en Afrique, à une époque récente surtout, quand elle a quelque temps cherché à brouiller le Japon avec la Russie et à occuper celle-ci en Asie. La Russie, cédant en Corée, s’est, croit-on, réconciliée avec son rival. D’autre part l’amour-propre du peuple anglais a trouvé d’amples satisfactions dans la cession de Weï-haï-Weï et dans les promesses que lui fait la Chine, ainsi que dans la victoire de l’Atbara. Et c’est pourquoi, sans doute, une fois le territoire de la compagnie du Niger racheté par la métropole (pour 700 000 £, dit-on), on peut espérer la fin des difficultés, et le retour, après un trop fort émoi, aux bons rapports que doivent entretenir deux grandes nations, unies par tant de liens matériels et moraux et par une paix déjà longue de quatre-vingt-trois ans.


EMILE Auzou.