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c’est-à-dire avec les navires les plus judicieusement appropriés, dirigés avec méthode, ravitaillés dans les meilleures conditions.

Nous ne descendrons pas encore de ces idées générales, de ces principes de stratégie politique à l’examen de quelques faits tactiques enregistrés jusqu’ici. Il convient sans doute d’attendre, pour porter un jugement équitable, des informations plus complètes et plus précises. Mais, en saluant une fois de plus l’héroïsme des vaincus du 1er mai, en payant aussi au vainqueur le tribut d’éloges qui lui est impartialement dû, il nous sera permis de tirer du combat de Cavité cet enseignement qu’il faut renoncer, quoi qu’on en ait, à employer aux colonies, soit les unités démodées des forces navales européennes, soit, ce qui est pis encore, des navires neufs, mais systématiquement dépourvus des moyens offensifs ou défensifs modernes.

Persister dans une voie au bout de laquelle l’Espagne vient de trouver un grave échec, ce serait, d’une part, fermer les yeux devant la puissance déjà redoutable de certaines marines exotiques, de l’autre, oublier que les Lissa sont rares et que, s’il est bon d’avoir des Tegethof, il ne l’est pas moins de donner à ceux-ci les vaisseaux de Persano.