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Page:Revue des Deux Mondes - 1898 - tome 149.djvu/137

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Ducerceau et Jean Bullant et situés à droite du Pavillon de Flore ; mais il ne mord point sur le château originel des Tuileries, sur l’aile à gauche du pavillon central, aile qui, en ce moment, est employée sur le jardin en une sorte de galerie à jour, formant terrasse au premier étage, au-devant des Grands appartemens, et qui, sur la cour, est divisée en une suite de pièces composant le logement du Grand maréchal. Dès 1808, l’Empereur ordonne, à la vérité, qu’on adjoigne ces pièces à l’Appartement intérieur, mais il faut, pour cela, que Duroc puisse emménager au Pavillon de Marsan, et le projet n’est réalisé qu’au début de 1811, pour faire place au roi de Rome.

Les pièces qui donnent sur le jardin sont, dans toute la longueur, séparées des pièces ouvrant sur la cour par un corridor noir ; plusieurs escaliers singulièrement étroits et ne livrant passage qu’à une seule personne, font communiquer le rez-de-chaussée avec les entresols et avec le premier étage qu’habite Napoléon : un de ces escaliers débouche dans la chambre même de Joséphine. Il y a partout des petits cabinets sans lumière, des recoins, des couloirs qui semblent taillés dans les murs. Une partie de l’appartement est entresolée : on y a gagné des cabinets qui, par la suite, ont formé le Petit appartement et qui sont, au temps de Joséphine, occupés par les atours.

Dans les sous-sols et les caves, sont installés les offices de la Maison.

La décoration de l’Appartement intérieur telle qu’elle avait été exécutée au début du Consulat n’était point au goût de Joséphine. Presque dès qu’elle y fut installée, et surtout après l’Empire, elle en demanda le changement et l’embellissement. Elle désirait surtout qu’on lui fît une belle chambre à coucher et, durant qu’elle était en Allemagne en 1806, Fontaine s’ingénia à un ameublement vraiment impérial. Pour deux seuls tapis veloutés fournis par Sallandrouze, on paya 19 963 fr. 62 ; il y eut de tentures, de draperies et de meubles garnis, 55 189 fr. 22 au compte du tapissier Boulard ; et Jacob, pour le lit de parade et les autres meubles, prit 21 719 francs : ce qui faisait un total de 99 982 francs. Mais Joséphine trouva tout cela affreux et, comme elle était tenace, un an à peine écoulé, en mars 1807, elle enjoignit de nouveau à l’architecte de lui préparer une chambre à son goût : elle voulait que tout fût d’une extrême recherche et du ton le plus nouveau : les murs gris et or, avec de jolies arabesques, des statues antiques et des meubles à