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Page:Revue des Deux Mondes - 1898 - tome 149.djvu/234

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CHRONIQUE DE LA QUINZAINE.




31 août.


La session du parlement s’est terminée à Londres au milieu d’une certaine confusion des esprits, et la confusion amène toujours un peu d’agitation. Les affaires d’Extrême-Orient en ont été la cause. Mais, au-dessus de cette cause en partie accidentelle, il y en a une autre plus générale, que nous avons eu à signaler à diverses reprises, et qui rend, chez nos voisins, l’opinion publique singulièrement impressionnable. Nous avons été nous-mêmes, ou nous avons failli être les victimes de cette nervosité excessive qui se portant, un jour sur un objet, le lendemain sur un autre, devait quelquefois nous prendre à partie. Il n’y a pas encore longtemps, les affaires du Niger tenaient la première place dans les préoccupations britanniques, et ces préoccupations devenaient de plus en plus sombres et plus menaçantes, sans que nous ayons, d’ailleurs, jamais pu comprendre pourquoi. Le nuage qui s’était formé sur nos têtes s’est dissipé sans doute, mais pour se reformer ailleurs : nous espérons qu’il s’y dissipera de même. Peut-être reviendra-t-il sur nous, pour y projeter son ombre, puis pour s’éloigner une fois de plus. Si l’opinion anglaise est devenue irritable à la surface, il y a en elle un fond de bon sens qui reparaît toujours lorsque le moment arrive de prendre un parti. On pèse alors scrupuleusement le pour et le contre ; on examine de plus près les affaires qui avaient été sur le point de s’envenimer ; on se retrouve équitable ; on consent à tenir compte des intérêts et des droits des autres sans abandonner quoi que ce soit des siens, et les choses s’arrangent. Cela est arrivé bien des fois et arrivera encore. Il n’en est pas moins regrettable et il pourrait devenir inquiétant de constater qu’en Angleterre la première phase que traversent les questions internationales est presque toujours troublée par les mêmes passions. Si l’apaisement vient avec la réflexion, le premier mouvement est de plus en plus vif, de plus en plus brutal même, soit qu’il se porte contre le pays étranger où l’on a rencontré un obstacle, soit qu’il se tourne contre le gou-