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6 pour 100 (quatorze deniers par livre sterling), mit un droit sur le malt, l’alcool et le sucre, et se fit autoriser à créer jusqu’à 6 millions d’obligations de l’Echiquier (Exchequer bonds) remboursables par tiers en 1858, 59 et 60. Le seul grand emprunt fait en rente consolidée pour la guerre de Crimée fut celui de 16 millions en 1855 ; il consistait en un 3 pour 100 émis au pair, chaque souscripteur de 100 livres recevant en outre trente annuités de 14 shillings 6 deniers chacune. Le montant de l’annuité étant de 116 000 livres, et le service annuel de 16 millions de 3 pour 100 exigeant 480 000 livres, on voit que l’emprunt coûtait environ 3 3/4 pendant trente ans ; mais la charge additionnelle devait cesser en 1885, époque à partir de laquelle l’Échiquier ne payerait plus que 3 pour 100 sur les sommes reçues par lui en 1855.

Ainsi, alors même que les Anglais empruntent en rentes perpétuelles, ils sont préoccupés de diminuer au bout d’un certain temps la charge des intérêts, toujours fidèles à l’idée qu’il n’est permis à aucune génération de grever indéfiniment l’avenir. Depuis cette époque, aucun grand emprunt n’a été émis. En 1884, M. Childers, chancelier de l’Echiquier, voulut procéder à une conversion du 3 pour 100 ; il donna aux porteurs l’option d’échanger 100 livres de ce fonds contre 102 livres de 2 3/4 ou 108 livres de 2 1/2, l’un et l’autre de ces nouveaux titres étant garantis contre tout remboursement jusqu’en 1905. Mais ces propositions n’eurent que peu de succès : 20 millions de livres à peine, dont plus de la moitié appartenaient à des administrations publiques, y adhérèrent. Ce fut quatre ans plus tard, en 1888, qu’eut lieu la dernière des grandes opérations de conversion ; et, chose curieuse, la presque unanimité des rentiers acceptèrent alors des conditions beaucoup moins avantageuses que celles qu’ils avaient refusées en 1884.

Le gros de la dette anglaise se composait à ce moment de 558 millions de 3 pour 100, d’origine et de dénomination diverses : nouveau, réduit, consolidé. M. Goschen les convertit en 2 1/2, en leur accordant 2 3/4 d’intérêt annuel jusqu’en 1903. En financier avisé, il ne négligea aucun des moyens qui devaient assurer le succès de l’opération : il ne mit pas les rentiers en présence de systèmes divers, entre lesquels ils auraient pu hésiter ; il déclara que leur silence serait considéré comme un acquiescement, il intéressa les banquiers et autres intermédiaires à la réussite de