Aller au contenu

Page:Revue des Deux Mondes - 1898 - tome 149.djvu/350

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

pour faire nettement comprendre mon idée. Notre commerce d’exportation de volailles mortes oscille entre 7 et 8 millions de francs ; il est évidemment susceptible de prendre infiniment plus d’extension qu’il n’en présente aujourd’hui. Nous avons déjà deux écoles d’aviculture, et il semble bien qu’on pourrait en installer de nouvelles dans les écoles pratiques qui se recrutent mal. On n’avancerait pas, au reste, dans une voie non explorée, on n’aurait en quelque sorte qu’à développer ce qui existe dans certaines régions de notre pays, où de très petits cultivateurs trouvent à vivre sur quelques hectares, grâce à une basse-cour bien conduite.

Je crois que, pour achalander une ou deux nouvelles écoles d’aviculture, il faudrait spécialiser absolument l’enseignement et ne lui donner qu’une courte durée. Si on impose à un jeune homme qui veut apprendre à faire éclore des œufs, à élever, à engraisser des poulets, qui veut savoir comment on mène industriellement cette spéculation, une instruction générale ; si on veut lui enseigner l’anatomie et la physiologie, il tournera le dos. Il faudrait essayer de donner en quelques mois les notions précises immédiatement applicables à l’opération entreprise. On procède ainsi en Allemagne pour les écoles de brasserie, où les élèves se succèdent rapidement les uns aux autres.

On multiplierait également avec avantage les écoles dans lesquelles on apprendrait en quelques mois le traitement du lait, sa transformation en beurre par les méthodes nouvelles, ou encore la fabrication régulière, méthodique, des fromages ; là, il faudrait deux enseignemens différens, l’un destiné aux ouvriers fromagers travaillant dans les fruitières de l’Est et de la Savoie, et un autre, plus relevé, s’adressant aux praticiens de Normandie ou des environs de Paris et leur enseignant à conduire la fermentation des fromages à pâte molle dont la réputation est universelle.

Ces établissemens méritant réellement le nom d’écoles pratiques ne garderaient les élèves que pendant quelques mois ; on conçoit au reste que les programmes soient très variés ; tandis qu’en Normandie ou en Bretagne, on appellerait les jeunes gens qui désirent apprendre à conduire les pommiers et à faire le cidre, on enseignerait dans le Centre et le Midi à tailler la vigne et à faire le vin.

Si ces enseignemens absolument spéciaux ne retenaient les jeunes gens que pendant une saison, il n’en serait plus de même