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Page:Revue des Deux Mondes - 1898 - tome 149.djvu/356

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création de la Station de chimie végétale de Meudon, où le laboratoire est environné de jardins. C’est de là qu’est sortie cette grande découverte, grosse de conséquences pratiques, de la fixation de l’azote dans le sol, par action microbienne. Si, depuis trente ans, quelques travaux ont été exécutés à l’Ecole de Grignon, c’est que là encore se trouvent d’admirables moyens d’études.

Nous sommes donc aujourd’hui devant 44 écoles pratiques ; dans le nombre, il en est beaucoup qui ont des champs, des étables, des laboratoires parfois rudimentaires, il est vrai, mais qu’on pourrait approprier sans grandes dépenses. Ces écoles sont disséminées sur tous les points du territoire ; pourquoi ne pas essayer d’en transformer quelques-unes en stations agronomiques ?

On rencontrera des difficultés, je n’en doute pas ; les domaines sont souvent la propriété des directeurs qui, peut-être, ne se prêteront pas toujours aux essais à tenter ; on aura à choisir le personnel avec beaucoup de soin, parmi des jeunes gens qui ont déjà montré le goût de la recherche ; il n’en manque ni dans les écoles, ni parmi les professeurs spéciaux d’agriculture.

La dissémination des stations agronomiques dans diverses régions présente d’autant plus d’importance que les problèmes agricoles ne comportent guère de solutions générales ; pour les résoudre, il faut tenir compte de la richesse du sol et surtout du climat.

Il y a une douzaine d’années, nous avons préconisé, M. Porion et moi, une variété de blé, dite à épi carré ; nos expériences avaient été établies, d’une part, dans les départemens du Nord et du Pas-de-Calais ; de l’autre, dans Seine-et-Oise. Les renseignemens recueillis ont montré que cette variété, admirablement adaptée au climat du Nord de la France, où elle couvre d’énormes surfaces, réussit moins bien dans le Centre ; elle ne s’est pas implantée dans les riches terres de la Limagne d’Auvergne et elle a complètement échoué dans le Midi. Or, le choix judicieux des variétés exerce une influence très marquée sur l’abondance des rendemens ; j’ai souvent constaté des différences de cinq à six quintaux de blé par hectare, suivant que j’avais semé une variété ou une autre, et comme les fumures et les conditions climatologiques avaient été identiques, le choix seul de la variété avait déterminé le surcroît de rendement.