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Page:Revue des Deux Mondes - 1898 - tome 149.djvu/684

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économique et à la production de la richesse, » l’armée internationale devrait au moins égaler la plus forte des armées particulières. Autrement elle ne pourra pas même, le cas échéant, entrer en ligne. Enfin, quand elle serait numériquement égale à la plus forte des armées existantes, elle risquerait encore d’être battue parce qu’elle se mobiliserait plus lentement et se composerait d’élémens hétérogènes. Il est donc également difficile de supposer un pacte de désarmement dépourvu de sanction matérielle et d’organiser la sanction.


III

Quelle que soit la force de ces objections, la conférence, à notre avis, doit se réunir. Il faut assurément se prémunir contre des illusions dangereuses ; mais il serait non moins regrettable de tomber dans un autre excès. Les grands bienfaiteurs du genre humain ont surmonté des obstacles en apparence insurmontables, et les transports de leur foi, l’ardeur de leur zèle ont souvent prévalu contre les calculs des savans ou des sages. Un éclair de génie ou de bonté peut dissiper des nuages. Le cœur a, même dans la sphère des relations internationales, la France l’a plus d’une fois prouvé, ses raisons que la raison ne connaît pas.

Or, quand même on ne pourrait pas résoudre encore certaines difficultés que soulève la question du désarmement proprement dit, il me paraît impossible que les représentans de toutes les puissances, arrivant de tous les points du globe « pour assurer à tous les peuples, selon les expressions mêmes de la circulaire russe, les bienfaits d’une paix réelle et durable », « pour faire triompher la grande conception de la paix universelle sur des élémens de trouble et de discorde », échangent sincèrement et sérieusement leurs vues sans obtenir un résultat utile.

Il y a plusieurs moyens de réduire une forteresse, et le plus sûr est parfois de faire tomber d’abord les ouvrages avancés qui la défendent. Pourquoi n’essaierait-on pas, sinon de codifier tout le droit international comme l’ont fait d’une façon purement académique Dudley, Feld, Bluntschli, M. P. Fiore, tout au moins de le codifier partiellement en précisant et en généralisant certains principes ? A-t-il été si difficile de s’entendre en 1864 pour la protection des malades et des blessés dans les guerres continentales, en 1874, en 1878 et en 1891 pour la formation et le