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Page:Revue des Deux Mondes - 1898 - tome 149.djvu/686

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QUESTIONS SCIENTIFIQUES

L'ATMOSPHÈRE

LES NOUVEAUX GAZ[1]


IV

La découverte de l’argon n’a pas été un coup de hasard, une sorte d’accident heureux de préparation mettant subitement l’expérimentateur en face d’un produit inattendu ; elle a été, comme on l’a vu, le fruit de la théorie ; elle en a été aussi la pierre de touche. L’étude des propriétés de ce corps a fourni, en effet, une admirable occasion de mettre à l’épreuve quelques-unes des théories régnantes. L’argon a eu une existence rationnelle dans l’esprit de lord Rayleigh et W. Ramsay, avant d’avoir dans leurs mains une existence de fait. Un écart portant sur la troisième décimale, dans les mesures de densité de l’azote pris à diverses sources, obligeait les deux savans anglais à admettre la présence d’un gaz étranger dans ce que l’on appelait l’azote atmosphérique. Celui-ci, c’est-à-dire le résidu subsistant après que l’on a successivement absorbé tous les constituans connus de l’air, vapeur d’eau, acide carbonique, oxygène, doit contenir, outre l’azote vrai, azote pur, azote chimique, un gaz plus lourd que ce dernier et plus inerte que lui. C’est l’argon. — Nous disons « un

  1. Voyez la Revue du 1er septembre.