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Page:Revue des Deux Mondes - 1898 - tome 149.djvu/696

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une même saison, y varie en réalité d’une manière appréciable. Selon M. Leduc, à Londres, en hiver, la quantité pondérale d’oxygène peut s’abaisser à 23, 10 pour 100 au lieu de 23,20 ; la différence n’est pas négligeable : elle dépasse un millième. C’est une tare véritable pour un étalon de mesures physiques.

Quoi qu’il en soit, la densité de l’argon par rapport à l’air est exprimée par le nombre 1,3854 ; le litre d’argon pèse 1gr, 791, alors que le litre d’air ne pèse que 1gr, 293.

La constante chimique fondamentale, le poids moléculaire, se déduit immédiatement de ces chiffres. Des considérations dont nous devrons dire un mot tout à l’heure ont conduit à adopter pour le poids moléculaire d’un gaz, en général, le double du nombre qui exprime sa densité par rapport à l’hydrogène. D’après cette règle, le poids moléculaire de l’argon serait le double de 19,94, soit 39,88, ou en chiffre rond 40.

Et ceci signifie, pour parler plus clairement, que la molécule d’argon, c’est-à-dire, la plus petite quantité de ce corps, qui puisse exister à l’état libre, pèse quarante fois plus que l’unité de poids chimique qui est le poids de l’atome d’hydrogène. La molécule de l’azote, plus légère de beaucoup, ne pèse que vingt-huit fois plus. On savait, depuis le début des recherches, que l’argon était plus lourd que l’azote ; et justement cette circonstance avait mis lord Rayleigh sur la trace de sa découverte. Voilà maintenant la notion précisée et traduite en chiffres.

Une autre propriété de l’argon qui a été aperçue dès l’origine, c’est sa solubilité assez considérable dans l’eau. Un litre d’eau pure en absorbe 50 centimètres cubes. Envisagée en elle-même, cette proportion de 50 millièmes est évidemment assez faible ; mais elle doit être prise en considération par rapport à celle de l’azote, qui est environ deux fois et demie plus petite. Il en résulte diverses conséquences et d’abord celle-ci que les gaz dégagés de l’eau de pluie sont plus riches en argon que l’air atmosphérique. L’analyse bien faite de l’air dissous dans l’eau aurait pu conduire à la découverte de l’argon, tout aussi bien et mieux peut-être que l’étude des densités faite par lord Rayleigh. Après absorption de l’acide carbonique et de l’oxygène du mélange gazeux extrait de l’eau, il reste un résidu que l’on comptait comme azote ; on aurait pu s’apercevoir que ce résidu était sensiblement plus volumineux qu’il ne devrait être s’il était constitué par de l’azote pur. Et, en effet, beaucoup d’observateurs s’en