Aller au contenu

Page:Revue des Deux Mondes - 1898 - tome 149.djvu/892

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

que celui dont on avait obtenu la signature était simplement le chef des sujets musulmans. Ce n’étaient qu’affirmations et dénégations contraires. Dans la boucle du Niger, la situation se trouvait la même que dans la haute Bénoué à la veille des négociations qui ont abouti au règlement de la question du Cameroun, alors que chaque explorateur prétendait avoir acquis à la nation à laquelle il appartenait la souveraineté de l’Adamaoua. En présence de cet imbroglio, nous donnâmes, à l’appui de nos prétentions, l’argument du fait accompli. Agissant comme nous avions déjà procédé au Mossi et au Gourounsi, nous occupâmes manu militari le Borgou et le Gourma et même toute la rive droite du Niger jusqu’à Boussa. Nous plaçâmes ainsi sous notre autorité tout le territoire contesté : une administration régulière y fut organisée, et des résidens installés.


V

Tandis que les diverses missions françaises, allemandes et anglaises luttaient ainsi pour faire entrer dans la sphère d’influence de leur patrie respective les régions de la boucle du Niger, les gouvernemens intéressés cherchaient à faire trancher pacifiquement par la voie diplomatique le différend qui s’était élevé entre eux dans l’Afrique occidentale. Les négociations engagées entre l’Allemagne et la France aboutirent les premières. Le 23 juillet 1897, fut signé entre M. Hanotaux et M. de Munster un traité qui compléta l’arrangement de 1886 et fixa d’une manière définitive la frontière commune du Dahomey et du Togo. Aux termes de cet accord, la nouvelle ligne de démarcation entre les deux colonies fut déterminée par le cours de la rivière Mono depuis son embouchure jusqu’à son point d’intersection avec le 9e parallèle, puis par une ligne à peu près verticale depuis ce point d’intersection jusqu’au 11e parallèle et par ce dernier parallèle lui-même. En somme, l’arrière-pays du Togo était reculé vers l’intérieur de deux-degrés, soit sur une profondeur de deux cents kilomètres. Nous nous désistions en faveur de l’Allemagne de toutes prétentions sur Sansonné-Mango et lui cédions un petit territoire à l’embouchure du Mono. En revanche les Allemands nous reconnaissaient tout le Borgou et le Gourma et renonçaient à tous les droits qu’avait pu créer la mission du Dr Grimer. Ils étaient définitivement écartés du Niger.