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Page:Revue des Deux Mondes - 1898 - tome 150.djvu/121

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souci de plus en plus vif de salubrité, voire d’élégance, et à laquelle sont nécessaires quantités d’édifices correspondant aux formes infinies de l’activité de la vie sociale dans nos colossales cités : églises, théâtres, salles de conférences, de concerts, d’expositions, de ventes, cercles, immenses magasins, maisons de banque, hôtels, etc. Comme le prix des terrains va toujours croissant, on doit savoir tirer parti des plus petits espaces. En outre les exigences des locataires, qui s’habituent vite aux douceurs du confortable, devenant chaque jour plus impérieuses, on pourvoit les maisons de rapport d’une multiplicité d’appareils qu’on ne soupçonnait pas il n’y a pas bien longtemps, même dans les plus opulentes demeures. Viollet-le-Duc remarquait, il y a vingt ans, qu’aujourd’hui les édifices aussi bien que les habitations privées doivent contenir quantité d’organes que nos aïeux ignoraient et dont ils ne sentaient pas l’utilité. « Le chauffage, disait-il, la ventilation, l’éclairage, le service des eaux, les transmissions électriques, constituent des parties importantes, essentielles de tout édifice public ou privé. Or il faut bien reconnaître que les procédés de construction adoptés jadis ne se prêtent que difficilement à la disposition convenable, facile, de tous ces organes[1]. » On ne saurait nier les progrès accomplis par nos architectes en ces dernières années pour établir cette circulation d’eau chaude et froide, de vapeur, de gaz, d’air, d’électricité qui serpente maintenant du haut en bas des parois de nos maisons comme les artères sillonnent le corps humain, animant nos demeures d’une sorte de vie mystérieuse, les enveloppant d’un réseau de forces actives qui distribuent à volonté la chaleur, la lumière, le mouvement, suivant qu’on tourne un robinet ou qu’on presse un bouton moins gros qu’une noisette. Ces progrès, ils ont été rendus possibles grâce à la structure en fer qui a permis de faire passer dans les vides du métal, sans nuire à la solidité du bâtiment, la trame des canalisations par lesquelles se répand et se communique cette activité magique. On en verra sans doute prochainement bien d’autres ! De nouvelles substances sont venues, en effet, s’ajouter au fer pour prêter aux architectes le secours dont ils ont besoin dans l’obligation où ils se trouvent de satisfaire aux mœurs contemporaines et aux besoins modernes. N’a-t-on pas les cimens et les chaux qui fournissent de véritables pierres de taille

  1. Viollet-le-Duc, dans l’Art, t. XIII, p. 315.