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Page:Revue des Deux Mondes - 1898 - tome 150.djvu/173

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valeur comme puissance doctrinale ou morale ; » et en second lieu parce qu’ils savent bien que ce « terrain » n’existe pas. Ce qui était vrai du temps de Bossuet, qu’entre le catholicisme et le protestantisme, il n’y a qu’une question, est encore plus vrai de nos jours : c’est la question de l’Eglise, et elle ne comporte que deux solutions, la négative ou l’affirmative. L’intention des évêques d’Amérique n’a pas été non plus de soumettre ou d’exposer leur Église aux jugemens contradictoires des autres « religions, » et bien moins encore, comme s’ils n’eussent cru posséder qu’une vérité imparfaite ou parcellaire, d’en demander le complément aux représentans des vieux cultes asiatiques, le bouddhisme ou le parsisme. Ce sont là romans ou songeries de mystagogues ! Mais, catholiques ou protestans, juifs ou musulmans, bouddhistes ou parsis, philosophes, libres penseurs, puisque nous vivons de la même vie civile ; puisque nous échangeons tous les jours des propos de morale ou de philanthropie ; puisque tous ensemble, utilement et toléramment, nous pouvons travailler, et nous travaillons en effet, à des œuvres communes, de charité, de bienfaisance, d’humanité, c’est pour témoigner de leur bonne volonté que les évêques d’Amérique ont pris leur part d’un Congrès, où à vrai dire, et en dépit de son nom, ce n’était pas du tout des religions qui se rencontraient, ni surtout qui s’affrontaient, mais des hommes religieux qui s’assemblaient pour « causer » de morale et de philosophie religieuse.

Le cardinal Gibbons l’a dit expressément dans sa réponse aux adresses de bienvenue des organisateurs du Congrès, M. C. Booney et le pasteur Barrows : « Mesdames et Messieurs, — c’était le début de son discours, — votre honorable Président vient de vous dire que si je n’avais consulté que le soin de ma santé, je devrais être ce matin dans mon lit ; mais puisqu’on avait annoncé que je répondrais aux adresses de bienvenue, je n’ai pas voulu faire défaut de ma personne au rendez-vous, ni laisser échapper l’occasion de vous montrer tout l’intérêt que je prends à votre grande entreprise.

« Je manquerais à mon devoir de ministre de l’Eglise catholique si je ne vous disais avant tout combien mon désir serait vil de présenter les titres — claims — de l’Eglise catholique au respect, et, si c’était possible, à l’acceptation de tout ce qu’il y a parmi vous d’auditeurs de bonne volonté. Mais je me contenterai de les proposer au tribunal de votre conscience et de votre raison. Je sais que je possède en ma foi un trésor au prix duquel tous les