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Page:Revue des Deux Mondes - 1898 - tome 150.djvu/641

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LA JEUNESSE DE LECONTE DE LISLE

moitié à toutes ses accusations ; quelques-unes le font sourire ; il a meilleure opinion de Charles. Et, tout récemment encore, une lettre de France, adressée à un parent de Bourbon, M. Foucque, donnait de si bonnes nouvelles du cher enfant, « un excellent garçon et d’une conduite exemplaire !» Quant à la « prétendue myopie, » puisque le père et un oncle de Charles « étaient atteints de cette infirmité, quoi d’étonnant à ce que Charles en souffrît également ? » Quant aux dépenses exagérées, ne faut-il pas que sa chambre soit « bien située, » ses meubles « en quantité suffisante, « sa mise constamment soignée. » Quant aux livres, M. Leconte de L’Isle consent à ce que son cousin soit juge et tranche la question.

Mais tout cela n’était rien et de plus graves nouvelles parvenaient au sujet des études de Charles.

Au commencement du mois d’octobre 1837, M. et Mme Louis Leconte avaient conduit leur neveu à Rennes et l’avaient installé au no 4 de la rue des Carmes. Ce n’était pas précisément le quartier « le plus sain et le mieux situé » de la ville ; ce qui avait déterminé leur choix, c’était le voisinage d’un parent des Leconte, M. Liger, brasseur, qui demeurait au no 1 de cette rue. Mais voilà qu’avant de faire son droit, il fallait obtenir le diplôme de bachelier es lettres ; il semble que personne n’y eût pensé jusque-là et les choses n’allèrent pas au gré de la famille. Cette « formalité » n’est pas sans ennuyer M. Leconte de L’Isle qui n’en comprend pas la nécessité. « Je viens de voir, écrit-il, qu’il était essentiel d’être bachelier avant de prendre sa première inscription ; je compte sur ton aide et sur tes connaissances de Rennes pour lui faciliter ce ridicule examen. » Ce n’était pas tout encore ; pour se présenter à l’examen, il fallait un certificat d’études : — « Quand donc ce gouvernement cessera-t-il de faire des sottises ! » — et M. Leconte de L’Isle avait oublié de munir son fils d’une attestation que ses études s’étaient achevées dans sa famille. L’année fut occupée par ces difficultés, que l’éloignement rendait encore moins aisées à résoudre. Enfin M. Leconte de l’Isle envoya l’attestation demandée, qui arriva un peu avant la session de novembre 1838. Peu s’en fallut que Charles ne fût encore « repoussé de l’examen » parce que son père n’avait pas « désigné d’une manière spéciale » les professeurs qui avaient dirigé ses études avant qu’il les eût continuées avec lui à Bourbon[1]. On esquiva la difficulté en

  1. Quels étaient ces professeurs ? M. Auguste Lacaussade, originaire de Bour-