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Page:Revue des Deux Mondes - 1898 - tome 150.djvu/657

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LA JEUNESSE DE LECONTE DE LISLE


Les deux nouvelles par lesquelles se complète la collaboration de Leconte de Lisle à La Variété ont pour titre : Une peau de tigre et Mon premier amour en prose. La première lui fut inspirée par son passage au Cap ; la seconde est un souvenir de sa vie amoureuse à Bourbon. Elles n’offrent pas d’intérêt au point de vue de l’étude que nous avons entreprise.

Au bout d’un an, avec le nom de Leconte de Lisle inscrit à sa dernière page, mourut doucement la petite Revue littéraire bretonne qui eut l’honneur de servir aux débuts du poète et qui en a fixé le souvenir.

Le 11 mars 1841, l’étudiant inassidu était mandé de nouveau devant la Faculté. On prononçait contre lui la perte conditionnelle d’une inscription et il était marqué « sur la liste des étudians qui seraient plus sévèrement interrogés à leur examen. » Le 22 juillet, il était encore mandé, et ne comparaissait pas ; la perte par défaut était prononcée et devenait définitive, le délinquant ayant négligé de se pourvoir ; le 23 juillet 1842, il est invité encore à comparaître, frappé de perte conditionnelle et inscrit sur la liste de sévérité. Dans l’intervalle, il avait pris quatre inscriptions, les 15 avril, 15 juillet et 15 novembre 1841, et le 13 avril 1842. Ce fut sa dernière inscription, et la Faculté comprit qu’elle n’avait plus à mander devant elle celui qui n’y voulait plus revenir. On se borna à prévenir sa famille qu’il n’avait pas pris l’inscription de juillet, comme on l’avait avertie qu’il avait omis de prendre celle de janvier.

Sa vie pendant cette année semble de plus en plus affranchie des obligations imposées par son père. Quelques lettres de lui, adressées à son oncle, nous en ont gardé le témoignage. Le 7 février 1841, il écrit :

« Votre lettre, mon cher oncle, m’a fait beaucoup de peine. La promesse que j’avais faite à ma tante de ne plus me défaire de mes vêtemens n’a pas été oubliée. Si vous avez été informé que je persistais à vendre mes habits, on vous a fait un infâme mensonge. Quant à mes mauvaises connaissances, mon cher oncle, l’influence qu’elles exercent sur ma conduite se réduit à me faire rester dans ma chambre toute la journée, si ce n’est pour aller aux cours. Nous nous rassemblons, le soir, pour causer, et à