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Page:Revue des Deux Mondes - 1898 - tome 150.djvu/674

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qui ne peut posséder à leur ordinaire degré les propriétés dissolvantes ou autres de l’eau libre.

Si elles ne sont pas la forme même de la réalité, ces images offrent l’avantage de résumer et condenser les faits à la façon tout au moins d’un procédé mnémonique. Elles font comprendre que les physiciens ont eu raison de considérer l’osmose comme un phénomène complexe résultant du concours de plusieurs causes physiques et d’y réserver une petite part à la capillarité. Mais le fait que l’osmose n’a pas lieu à travers les pores capillaires des cloisons siliceuses montre bien le rôle secondaire des forces de cette espèce. Poisson ne les faisait intervenir que pour amorcer le phénomène et expliquer l’imbibition initiale de la cloison. Le physicien allemand Magnus y ajoutait l’influence de la viscosité, les solutions les plus visqueuses passant le moins vite à travers les pores capillaires. Les faits repoussent cette explication. Une solution de gomme arabique, deux fois plus visqueuse qu’une solution sucrée, passe par osmose dans celle-ci.

En définitive, la membrane, dans le phénomène de l’osmose, constitue comme un troisième liquide, interposé aux deux autres. L’osmose devient un cas particulier de la diffusion. C’est une diffusion gênée, modifiée par les propriétés d’une membrane.

Les liquides miscibles mis en contact, et superposés dans l’ordre de leur densité, au lieu de rester en équilibre invariable, se pénètrent et se répandent les uns dans les autres jusqu’à former un milieu homogène. Ce mouvement de pénétration est la diffusion. C’est une propriété universelle de la matière, du même ordre que la conduction calorifique. Elle s’opère avec des vitesses très différentes selon les corps considérés. Graham et Marignac ont déterminé ces vitesses de diffusion. On a vérifié que la vitesse de diffusion augmente, quand la température s’accroît. Il est à remarquer que Dutrochet avait précisément fait la même constatation pour l’osmose. Pour une substance déterminée, la vitesse de diffusion augmente avec la concentration de la solution ; cela est encore vrai de la vitesse osmotique. Il y a des corps à diffusion extrêmement faible et pratiquement nulle, comme l’albumine, la gélatine, la gomme, l’amidon, la dextrine, la silice, l’alumine gélatineuse. Ce sont les colloïdes de Graham ; ils sont dépourvus de la propriété de cristalliser. Les substances qui cristallisent, les cristalloïdes, diffusent au contraire rapidement. Elles forment des solutions, au sens strict du mot, solutions moléculaires,