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Page:Revue des Deux Mondes - 1898 - tome 150.djvu/806

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Victimes des mêmes abus, leur cause est la nôtre, car l’embauchage au rabais au moyen de la signature se pratique dans toutes les corporations du bâtiment…

Abandonner nos camarades en lutte, c’est aider nos ennemis et les encourager dans leurs mauvais desseins, aussi bien que méconnaître nos intérêts et devenir ainsi par notre indifférence responsables de notre défaite.


Citoyens,

A la coalition des exploiteurs de la misère et de leurs protecteurs habituels, opposons l’union et la solidarité pour le triomphe d’une cause aussi populaire que juste : l’abolition de la signature, le respect des salaires. Voilà notre devoir.

Cette note, qui montre l’état d’âme de ces juges corporatifs tels que les choisit la législation actuelle, ne semble pas du reste avoir produit grand effet : tous comprenaient que la solution ne dépendait plus que du Conseil municipal. Aussi est-ce à lui que les entrepreneurs s’adressent directement par l’entremise de M. Charles Blanc, préfet de police, pour proposer deux solutions. La première, c’est l’unification des prix de série de la Ville. Les entrepreneurs exposent, dans la note écrite qui contient leurs propositions, qu’étant obligés d’employer successivement les mêmes ouvriers aux différens travaux dépendant des services des ingénieurs de la ville, il leur paraît peu logique que ces prix varient suivant les services et déclarent que ce n’est qu’à cette condition qu’ils pourraient supporter l’augmentation demandée. La seconde solution consiste à mettre les ouvriers terrassiers ou leur syndicat aux lieu et place des entrepreneurs pour l’exécution des travaux de terrassement à exécuter pour le compte de la Ville et du Département et à leur faire toucher directement les prix convenus lors des adjudications. Les entrepreneurs abandonnaient les frais d’adjudication par eux versés pour ces travaux pour toute la période de leurs marchés.

En même temps ils adressaient à M. Brisson, président du Conseil, un mémoire justificatif dans lequel ils insistaient sur la situation faite aux entrepreneurs de la Ville. « Les deux assemblées, disaient-ils, en prenant une attitude que leur conseille sans doute le souci de leur popularité, assument une responsabilité dont elles doivent accepter les conséquences. En encourageant les ouvriers à réclamer, à exiger même, comme minimum, le salaire fixé à la série… elles doivent de toute évidence fournir à leurs adjudicataires le moyen de satisfaire ces exigences. »