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Yang-tze-Kiang et les provinces côtières. En Extrême-Orient, les montagnes restent presque désertes, même quand la terre est près de manquer dans les plaines.

On dit, il est vrai, que le Yunnan a de grandes richesses minières mais, comme me le faisait remarquer un excellent observateur doublé d’un homme d’esprit qui a récemment parcouru la Chine presque tout entière : lorsqu’ils n’ont rien vu de bon sur le sol d’un pays, beaucoup d’explorateurs se rabattent sur ce qui se trouve au-dessous ; comme ils n’ont guère pu aller y voir en passant, il ne faut les croire que sous bénéfice d’inventaire. Sans doute des gisemens de cuivre et d’étain sont exploités depuis longtemps au Yunnan, mais quelle est leur abondance et la teneur de ces minerais ? Est-elle suffisante pour qu’ils puissent donner matière à une exploitation rémunératrice et se faire une place sur le marché du monde après avoir été grevés de gros frais de transport sur des chemins de fer longs de plus de cinq cents kilomètres, d’ailleurs coûteux à construire ? Autant de questions qui ne sont pas résolues. Toujours est-il que l’avenir prochain de ces provinces chinoises voisines du Tonkin, qui ne produisent ni soie, ni thé, ni aucun des grands articles d’exportation, et dont la population est rare, n’apparaît pas comme bien brillant et que les marchés qu’on a ouverts se développent fort lentement.

Quant à l’article 5, relatif aux mines, pris littéralement, c’est un simple truisme : si l’on veut y voir un engagement déguisé et lire « devra » au lieu de « pourra, » c’est une violation de la clause de la nation la plus favorisée, inscrite dans tous les traités des puissances européennes avec la Chine. Nous en reconnûmes bientôt la vanité : dès le 15 janvier 1896, lors de l’accord anglo-français relatif aux affaires du Siam, accord où nous sûmes, du reste, fort mal profiter des circonstances difficiles que traversait alors la Grande-Bretagne, les deux gouvernemens de Paris et de Londres convinrent expressément que tous les droits et privilèges acquis ou à acquérir par l’un d’eux au Yunnan et, plus au nord, au Setchouen s’appliqueraient également à l’autre.

Le profit que nous pouvons tirer de la convention du 20 juin 1895 se réduit donc à fort peu de chose. Durant l’année suivante, les négociations qui se sont sans cesse poursuivies à Pékin ont amené quelques autres résultats : la reconstruction de l’arsenal de Foutchéou, établi en 1866 par des Français, détruit par d’autres Français en 1884, sous le commandement de l’amiral Courbet,