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Page:Revue des Deux Mondes - 1899 - tome 152.djvu/212

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physiologiste n’a pas dit que le sucre constituait à lui seul toute la sécrétion interne, c’est-à-dire tout ce que le sang reçoit de l’organe hépatique ; il a même dit le contraire. Mais il a affirmé que le sucre était un élément essentiel de cette sécrétion, et qu’il possédait une importance incalculable. Sans lui, pas de mouvement, pas de locomotion possible, puisqu’il entretient la contraction musculaire : sans lui, pas de vie puisqu’il est un aliment de toutes les parties.

Le sang conserve, en lui, un souvenir matériel de son passage dans le foie et la trace fortement imprimée de l’activité de cet organe. Toutes les parties de l’économie mettent à profit cette substance, qu’il a fabriquée ; par-là, le fonctionnement et la vie de tous les élémens sont associés à son fonctionnement et à sa vie. Ainsi, grâce à cette sécrétion interne se trouve assurée une sorte de solidarité humorale qui est un caractère fondamental de la vie chez les animaux supérieurs.

Si le rôle du foie tenait tout entier dans la fabrication de sa sécrétion interne, il en résulterait une conséquence théorique singulière. On pourrait concevoir la possibilité de supprimer cet organe et de le remplacer par la solution sucrée qui serait injectée dans le sang. Cette conception, par trop simpliste, se trouve à la base de l’opothérapie ; son inexactitude évidente dévoile déjà l’erreur de principe de la méthode.

Un second exemple de sécrétion interne a été fourni par le pancréas. Les expériences de von Mering et Minkowski, en 1889, en ont établi l’existence nécessaire. La glande pancréatique verse dans le sang une substance qui est conduite au foie et qui est indispensable à cet organe pour en régulariser le fonctionnement glycogénique et le contenir dans des limites convenables. Grâce à cette sécrétion, l’activité du pancréas est associée à celle de la glande hépatique d’une manière directe, et par celle-ci, solidarisée indirectement avec celles de tous les autres organes. Mais cette fois, la substance n’a pas été isolée ; elle est bien loin d’être connue comme l’est le sucre hépatique ; elle n’a qu’une existence de raison.

On est un peu plus avancé dans le cas de la thyroïde. L’étude de la glande thyroïdienne, inaugurée en 1859 par Schiff, continuée en 1883 par les observations des chirurgiens suisses Reverdin et Kocher, et complétée enfin, en ces derniers temps, par les heureuses trouvailles des physiologistes contemporains, fournit