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Page:Revue des Deux Mondes - 1899 - tome 152.djvu/235

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ils ont été deux fois au pouvoir ; ils ont eu deux ministères qui leur appartenaient intégralement. Après les élections dernières, ils ont chanté si bruyamment victoire que beaucoup de personnes les ont jugés en effet maîtres de la situation. S’ils n’ont pas su la garder au ministère, ils ont du moins empêché les progressistes de l’occuper ; le ministère actuel, composé sous leur influence, est un ministère de concentration. On devait donc croire que les radicaux-socialistes étaient forts, extrêmement forts, plus forts que jamais ; eh bien ! ils ont donné eux-mêmes la mesure de cette prétendue force en s’abstenant de produire un candidat à la présidence. Autrefois, ils avaient présenté M. Henri Brisson, qui leur appartient corps et âme, qui représente leurs idées, leurs sentimens, leurs préjugés ; pourquoi ne l’ont-ils pas présenté au dernier Congrès ? Autrefois encore, ils avaient songé à M. Léon Bourgeois qui est jeune, actif, plein de ressources et de talent, qu’ils ont déjà pris pour chef dans plus d’une circonstance, et qui aurait été un candidat moins grave, mais plus brillant que M. Brisson, plus moderne, plus actuel : pourquoi ne l’ont-ils pas présenté davantage ? À cela, il n’y a qu’une seule explication, à savoir que les radicaux, qui ne cessent de parler de leur majorité, savent parfaitement bien qu’ils n’en ont pas. Lorsqu’il faudrait la montrer, ils reconnaissent intérieurement leur impuissance et laissent apercevoir leur embarras. Mais c’est la première fois que cette impuissance et cet embarras se manifestent d’une manière aussi éclatante. N’ayant pas de candidat, qu’ont donc fait les radicaux-socialistes ? Ils ont fait un choix entre les deux candidats progressistes ; ils se sont précipités du côté de M. Loubet, qui a vraisemblablement été surpris de ces concours inattendus, et ils ont adopté sa candidature, — toujours bruyamment, comme ils font toute chose.

Entre M. Loubet et M. Méline, s’ils ont donné la préférence au premier, c’est qu’ils ont jugé que l’élection de M. Méline serait, vu les circonstances, un succès plus direct, plus apparent pour les modérés ou progressistes ; il ne leur en a pas fallu davantage pour adopter M. Loubet. Soit, et ce n’est pas pour cela que nous leur chercherons querelle. N’ayant pas de candidat à eux, il fallait bien qu’ils se ralliassent à celui-ci ou à celui-là. Mais de quel droit ont-ils donné le change à l’opinion publique en affublant M. Loubet d’un costume qui n’était pas le sien ? De quel droit l’ont-ils habillé en radical et presque en socialiste ? Ils ont fait plus. La question qui, en ce moment, agite le plus les esprits et en égare un si grand nombre est celle de la révision d’un procès trop fameux. Sur cette question, les radicaux sont divisés ; qui