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Page:Revue des Deux Mondes - 1899 - tome 152.djvu/281

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Les statistiques publiées pour les membres du Parlement donnent les chiffres suivans :


1896 1897
Exportation 309 414 000 livres 294 174 000 livres.
Importation 435 441 000 — 451 029 000 —

En six ans, les exportations ont donc diminué de trois cent quatre-vingt-un millions de francs, tandis que les importations augmentaient de 389 millions.

La diminution des exportations porte principalement sur les produits manufacturés. Le cri d’ alarme a retenti dès 1896. M. Ernest E. Williams dans un livre sensationnel : Made in Germany a montré le danger. Rester dans la voie actuelle serait la décadence certaine et prochaine. Il faut, à tout prix, modifier la situation. Or, une seule politique le permet. C’est la politique impérialiste, celle de la « plus grande Angleterre, » qui, en ouvrant des débouchés nouveaux, au besoin à coups de canon, peut donner un nouvel essor à l’expansion commerciale.

Le rule Britannia, rule the waves est donc une nécessité inéluctable. Pour ses débouchés commerciaux, la domination de la mer est indispensable à l’Angleterre. Aussi cette puissance suit-elle d’un œil inquiet les progrès de la France, de l’Allemagne et de l’Amérique, qui créent ou développent leurs colonies et entrent ainsi en concurrence avec l’Empire colonial britannique.

Bien plus, les colonies anglaises, en devenant industrielles, avec une main-d’œuvre à bas prix, se ferment aux produits de la métropole. D’année en année, la crise va donc devenir plus grave. Tout le monde en Angleterre en a conscience et envisage froidement le moyen de parer à ce danger.

Le moyen, nous l’avons vu, c’est l’ouverture de nouveaux débouchés. Les deux principaux sont la Chine et l’Afrique. L’Angleterre nous y rencontre. L’Afrique ne peut être qu’une colonie de peuplement, car il faudra du temps avant que les nègres travaillent et consomment. Sur ce terrain, la crise peut ne pas être aiguë. Mais la Chine est une terre de consommation. L’ouverture de son territoire aux produits européens, la construction de ses chemins de fer, etc., vont constituer des sources de richesses immédiates. Aussi la possession de l’Indo-Chine française est-elle maintenant ardemment convoitée. Notre colonie touche à