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Page:Revue des Deux Mondes - 1899 - tome 152.djvu/299

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importante ; mais, si on considère qu’elle serait prélevée sur les 800 millions votés par le Parlement pour l’augmentation de la flotte, la question se pose de savoir si ces 150 millions seront plus utilement dépensés à nous doter d’un organe d’attaque aussi puissant que cette flottille de débarquement, qu’à construire des cuirassés d’escadre. L’hésitation est d’autant moins permise que cette flottille, loin d’être improductive en temps de paix, rendrait à l’industrie et au commerce les plus grands services et contribuerait à leur développement. L’Etat louerait ces bateaux moyennant leur entretien. Leurs organes de combat seraient remisés dans certains arsenaux desservis par les canaux et placés au centre de gravité de la navigation sur les différens secteurs du réseau fluvial. En peu de jours, toute la flottille pourrait ainsi être mise sur pied de guerre.

Il ne faut pas perdre de vue qu’en 1896, le nombre des bateaux de transport employés par la navigation fluviale s’élevait au chiffre de 13 132 bateaux, dont 3 879 jaugeant plus de 200 tonneaux. 3 900 animaux de trait sont affectés au halage et il n’existe encore actuellement que 400 bateaux à vapeur tant pour le transport des marchandises que pour le remorquage. Rien que dans la région du Nord (en y comprenant, il est vrai, les cours de l’Oise et de l’Aisne), il navigue en tout temps plus de 3 900 bateaux, dont 2 600 jaugent au moins 200 tonneaux. Il est facile de comprendre que les 1 500 péniches à vapeur de l’Etat trouveraient un emploi certain. Il ne peut exister aucune crainte sur leur inutilisation. L’organisation de ce matériel correspondrait donc, en ce qui concerne la navigation fluviale, à celle qui a été donnée aux chemins de fer pour le transport des troupes au moment de la mobilisation.

Depuis un certain temps, la question du développement de notre navigation intérieure est à l’ordre du jour. Qu’on le veuille ou non, le halage par chevaux a fait son temps. Les chalands à vapeur commencent à se construire. Depuis 1891 jusqu’en 1896, époque du dernier recensement, l’augmentation se chiffre par 5 620 chevaux-vapeur. Le moment est donc venu de doter le commerce du matériel qui lui est nécessaire et qui, en cas de guerre maritime, et même en cas de guerre continentale, peut assurer le succès.

On objectera volontiers que, jusqu’à présent, rien ne démontre l’efficacité d’une telle flottille, pour une opération d’ordre