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Page:Revue des Deux Mondes - 1899 - tome 152.djvu/428

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conscrit Louradour, tué à Brive dans les premiers jours de novembre 1896 ; de celui d’Adrienne Reuillard, étranglée à Belfort le 18 mars ; et très sûrement c’est lui qui a assassiné aux Haies, près Condrieu (Rhône), Geneviève Cadet, femme Heymain, trouvée morte dans son habitation, l’artère carotide et la colonne vertébrale tranchées. En juin, il poursuit des jeunes filles et des femmes à Montel-de-Gelat (Puy-de-Dôme). Dans la nuit du 4 au 5 août, il éventre près d’une bergerie, à Volvent (Drôme), la veuve Lagier, âgée de 60 ans.

Enfin, le 24, il prend part à l’assassinat de la veuve La ville, vieille femme du même âge, au Crouzet, commune de Coux (Ardèche). Exceptionnellement, dans l’accomplissement de ce dernier meurtre, il a assisté trois individus, trois « roulans. »

À ce propos, disons que Vacher était connu d’un certain nombre de vagabonds. On l’a vu avec un jeune homme blond dont on observe le passage sur les lieux de certains crimes qui sont demeurés impunis. De plus, il s’est produit au cours de l’instruction un événement singulier. Au moment où la justice était à la recherche du puits où Vacher avait jeté Claudius Beaupied, un vagabond, dont le nom est connu, écrivait de Toulon au juge d’instruction pour indiquer l’emplacement du puits. Cette lettre, tombée au rebut parce qu’elle n’était pas affranchie, revint à Belley un mois plus tard, et le magistrat instructeur put se rendre compte de l’exactitude des indications fournies par son auteur, qui, l’avant-veille de la découverte du puits, en indiquait, depuis Toulon, l’emplacement. L’auteur de la lettre ajoutait : « Si j’étais près de vous, je pourrais vous en dire long sur votre homme aux guêtres et au bonnet à poil. » Il s’agissait de Vacher qui, en effet, était parfois chaussé de guêtres, retrouvées dans son bagage lors de son arrestation.

En résumé, Vacher devait à ses marches et contremarches rapides, à la célérité avec laquelle il opérait, à la disposition des lieux qu’il jugeait propices, l’impunité dont il a si longtemps joui : ce qui revient à dire que c’est précisément son existence de vagabond qui l’a soustrait aux recherches de la justice. On peut affirmer qu’il a fait une éclatante démonstration de l’insaisissabilité des criminels vagabonds.

Ainsi, aux vagabonds assassins qui voudraient égarer les recherches, il ne manquerait que l’habileté pour échapper aux investigations, le secret de l’impunité résidant précisément pour