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Page:Revue des Deux Mondes - 1899 - tome 152.djvu/546

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et de grandir. « Car la dernière des qualités divines est la première des nôtres. »

Dans l’anabase, l’âme suit une route inverse, et de planète en planète, s’allégeant de la substance prêtée par chacune d’elles, se dépouille successivement de tous les élémens de sa corporalité, jusqu’à redevenir semblable à ce qu’elle était dans sa condition première et spirituelle.

Ce symbole astronomique, cette septuple vêture et ce dépouillement correspondant, nous ramènent directement aux rites de la Chaldée.

Là, sous l’influence de la religion, qui domine toutes les manifestations de la vie, le nombre sept et quelquefois le nombre douze, règnent en souverains. Sept est le chiffre sacré. Le temple, qui reproduit l’ordre du monde et spécialement celui du ciel, est la haute tour à sept étages, en retrait l’un sur l’autre, reliés par de larges rampes d’escaliers extérieurs, où se déroule à l’aise la pompe des processions. Au sommet s’élève le sanctuaire du dieu, magnifique avec ses revêtemens de bois précieux et de lames d’or. Chacun de ces étages est consacré à une planète et peint de la couleur qui lui est propre ; elle y possède une chapelle particulière. C’est exactement l’échelle mithriaque, décrite par Celse. Les cérémonies religieuses obéissent au même rythme numérique. On connaît le poème d’Istar, veuve du « fils de la vie, » descendant pour le sauver « dans le pays immuable de la mort. » Ce pays est divisé en sept cercles, sur le modèle des sphères célestes. Elle franchit les sept enceintes ; à chacune, le serviteur d’Allat, la déesse des ombres, la dépouille d’un de ses vêtemens, depuis la tiare jusqu’au voile de sa pudeur, pour qu’elle paraisse nue devant la sombre divinité. Au retour, dans le même ordre, ses vêtemens lui sont rendus. Dans une autre tablette de la collection ninivite, est décrite la fête de la purification d’une déesse-terre[1]. Elle monte les longues rampes des escaliers de la ziggurat. A chacune des sept portes, un prêtre la fait entrer, qui la dépouille d’une pièce de son costume, jusqu’à ce qu’elle pénètre nue dans le sanctuaire supérieur, qui est l’Empyrée. Là, d’autres déesses s’empressent autour d’elle, la purifient par des lustrations et des exorcismes ; puis, leur office terminé, elles la laissent redescendre et compléter d’étage en étage rajustement qu’elle a

  1. Tablette 162.