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Page:Revue des Deux Mondes - 1899 - tome 152.djvu/551

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pratiquait exceptionnellement la confession, ce sont les religions orientales qui ont senti le plus vivement le fond de la faiblesse humaine et la distance infinie du Créateur à la créature. Dans une prière qu’on croirait détachée des psaumes hébreux, voici comme s’exprime un Chaldéen : « Seigneur, mes péchés sont nombreux, grands mes méfaits. Le Seigneur, dans la colère de son cœur, m’a frappé ; le Dieu, dans le ressentiment de son cœur, m’a abandonné. Je m’effraye, et nul ne me tend la main. Je pleure, et nul ne vient à moi ; je crie haut, et personne ne m’écoute. Je succombe au chagrin ; je suis accablé et ne puis plus lever la tête. Vers mon dieu miséricordieux je me tourne pour l’appeler et je gémis. Seigneur, ne rejette pas ton serviteur. S’il est précipité dans les eaux impétueuses, tends-lui la main ; les péchés que j’ai faits, aies-en miséricorde, les méfaits que j’ai commis, emporte-les au vent, et mes fautes nombreuses, déchire-les comme un vêtement[1]. » Ce sont là les confidences à Dieu d’une âme touchée de contrition. Chez les Persans, la confession est une cérémonie religieuse qui fait partie de la liturgie. Elle s’adresse moins au Dieu suprême qu’aux puissances célestes et aux âmes des Purs. Les Palets persans sont de véritables manuels de pénitence, comportant l’examen de conscience, les actes de foi et les prières rituelles. Nulle part il n’est parlé de l’absolution d’un prêtre, descendant sur le pécheur, en même temps que la grâce opère dans son cœur. En l’absence de documens précis, il n’est pas téméraire de penser que la confession mithriaque s’inspirait du même esprit de contrition et avait gardé quelques-unes de ces pratiques.

Nous savons par saint Justin que la communion mithriaque consistait dans l’oblation du pain et de l’eau, sur lesquels le Père prononçait quelques paroles. Les renseignemens directs nous manquent pour en préciser la signification. Elle devait ressembler aux agapes sacrées de la plupart des mystères, au breuvage du cycéon à Eleusis, aux repas religieux des Esséniens. Or, leur sens nous est clairement indiqué par un passage de Plutarque : « Ce n’est pas, dit-il, la qualité des vins, ni l’abondance des viandes, qui est l’essentiel dans ces fêtes et en constitue le bienfait ; c’est la bonne espérance et la persuasion de la présence d’un dieu favorable, qui répand sur nous ses grâces. » Ce repas en commun établit un lien entre les participans et la divinité, au nom de qui

  1. Rawlinson : C. I. W. A., tabl. IV (trad. Lenormont).