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Page:Revue des Deux Mondes - 1899 - tome 152.djvu/553

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jours ou de quelques mois, qui était occupée par la prière, le jeûne et diverses abstinences. Les épreuves des mystères de Mithra passaient pour les plus longues et les plus rudes. La secte ne voulait admettre que des hommes trempés par la souffrance, et parvenus à cet état d’insensibilité qu’on appelait l’apathie. On disait que ces épreuves pouvaient aller dans certains cas jusqu’au sacrifice de la vie ; mais Lampride nous assure que, de son temps du moins, l’homicide se bornait à une simulation, et qu’on regarda comme un crime le meurtre dont se souilla Commode, au cours de son initiation. Par leurs rigueurs peu communes, les mithriastes ne craignaient pas de décourager l’empressement et le dévouement des fidèles ; ils savaient qu’il est dans la nature de l’homme de n’attacher de prix qu’à ce qui lui a coûté peine et douleur.

Les épreuves étaient au nombre de douze et duraient parfois quatre-vingts jours. Ce chiffre se rapportait aux signes du Zodiaque et aux travaux de l’Hercule assyrien. Ses douze victoires sur les monstres gardiens des stations célestes lui avaient mérité la tunique astrale et valu l’immortalité. Aussi, dans tous les mystères, Hercule était donné comme modèle aux initiés : il était le myste parfait.

De ces épreuves graduées, d’abord légères, puis de plus en plus pénibles, — Grégoire de Nazianze les appelle des supplices, — on ne connaît pas le détail exact. Elles comportaient des jeûnes prolongés, quelquefois de cinquante jours, l’abandon dans la solitude, l’épreuve du feu, de l’eau, du fouet ; le patient était enfoui dans la neige, d’autres fois traîné par les cheveux dans un cloaque. Les injures et les dérisions s’ajoutaient à ces souffrances physiques.

Les épreuves de l’initié sont représentées sur un grand nombre de monumens mithriaques, malheureusement effacés presque tous ou mutilés. Celui d’Heddernhain nous montre, en trois médaillons séparés par des pins, le myste vainqueur du taureau ; le myste ceint de la couronne héliaque, c’est-à-dire d’une auréole radiée ; le myste introduit par la main de Mithra dans le ciel du bienheureux. C’est là comme la synthèse de l’épreuve, avec la récompense qui la couronne. Le monument de Mauls (Tyrol) nous présente, des deux côtés de l’image du tauroctone, douze compartimens superposés, où sont figurées distinctement l’épreuve du feu, celle de l’eau (un homme luttant à la nage contre le