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Page:Revue des Deux Mondes - 1899 - tome 152.djvu/689

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caractère de la pression osmotique, qui est d’être un module attaché à chaque solution, comme un renseignement signalétique, indépendant de la nature de la membrane et des circonstances de l’opération. L’expérience de Dutrochet, au lieu d’écarter ces contingences, les mettait en relief : la hauteur qu’il observait dépendait de la vitesse relative des deux courans, c’est-à-dire de la nature de la cloison osmotique.

La membrane semi-perméable a fait de l’osmose un phénomène unilatéral, au lieu du phénomène bilatéral connu jusqu’alors. Elle a simplifié la mesure de la force osmotique et a mis en lumière son caractère de paramètre physique lié à chaque solution déterminée. Il en est résulté que la question s’est trouvée tout naturellement amenée sur le terrain de la physique. Quelques années plus tard, Hugo de Vries, en montrant l’étroite liaison qui existe entre la pression osmotique et la constitution moléculaire des corps dissous, y faisait intervenir la chimie. Et c’est ainsi que, placée sur le terrain commun de ces deux sciences, l’osmose est devenue l’une des études de prédilection des physico-chimistes.

Le fait de l’hémiperméabilité d’une membrane ou d’une osmose unilatérale n’était cependant pas sans exemple, avant la tentative de Pfeffer. Lorsque Dutrochet avait recours à une lame de caoutchouc pour séparer l’eau pure de l’eau alcoolisée, il savait que cette membrane n’était perméable qu’à l’une de ces substances, l’alcool, qui seule cheminait au travers, et qu’elle était, au contraire, une barrière à peu près infranchissable pour l’eau. Des deux courans ordinaires, il ne subsistait plus que l’unique courant osmotique. On savait aussi, mais le fait ne fut bien connu qu’après les expériences de Graham, que les membranes animales habituelles, c’est-à-dire perméables à l’eau, ne laissent passer que très difficilement, ou même arrêtent complètement les matières albumineuses, colloïdales, de telle sorte que l’osmose de leurs solutions aqueuses est encore unilatérale.

Mais, avant Pfeffer, on n’avait pas systématisé les notions de ce genre et l’on n’en avait (pas tiré les conséquences. Déjà, cependant, en 1867, un expérimentateur allemand bien connu, Traube, avait donné les moyens de préparer, de conserver et d’utiliser des membranes semi-perméables. Il les obtenait par précipitation chimique. Il suffit que le précipité soit de consistance gélatineuse, colloïdale, assez compact. Le cas se réalise lorsque l’on met une solution de colle sucrée (colle à bouche,