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Page:Revue des Deux Mondes - 1899 - tome 152.djvu/835

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de 22 ampères et consommerait en un quart d’heure 6 hectowatts, c’est-à-dire 0 fr. 75 ; une simple poêle à frire prendrait 2 ampères et demi, soit 0 fr. 30 l’heure. La bouillotte deviendrait une vraie folie, vu la quantité d’énergie nécessaire pour porter l’eau à l’ébullition.

Depuis la foudre et l’éclair domestiqués et mis en boîtes jusqu’au crottin sec des chameaux ou des ânes, dont le peuple d’Orient continue de se servir pour cuire ses pauvres alimens, les combustibles actuels sont, à coup sûr, très divers ; mais, si le XIXe siècle ne dispose pratiquement, pour la production de la chaleur, que d’un seul élément nouveau : la houille et ses dérivés, il a su inventer ou du moins vulgariser des appareils qui, utilisant mieux le calorique, se trouvent le multiplier sans frais. Les trois francs par jour, auxquels Mme de Maintenon, dans la lettre bien connue où elle dressait le budget de son frère, évaluait le chapitre du chauffage, ont permis au ménage d’Aubigné d’acheter à Paris, suivant le prix de ce temps, 150 kilos de bois (1679) : « Il ne faut que deux feux et que le vôtre soit grand…, » disait-elle ; avec ces deux feux, dont un flambait sans doute à la cuisine, la maison devait être glaciale, tandis qu’un calorifère la chaufferait aujourd’hui tout entière presque pour le même prix.

Il suffit de 3 à 4 kilos de charbon par pièce et par jour, en moyenne, dans le climat de Paris'', pour maintenir, avec un calorifère à air, desservant environ 40 pièces, la température la plus confortable. Et ceci, non pas d’après les calculs de théoriciens, mais suivant contrats passés par des fumistes, s’engageant à obtenir, durant six mois, un nombre déterminé de degrés avec une quantité de houille prévue d’avance. Moyennant une dépense de 800 francs par an, représentant 38 tonnes de poussier à 21 francs réduit en cendres par le système Michel Perret, tel propriétaire de ma connaissance chauffe les six étages d’une maison du quartier des Champs-Elysées, immeuble assez vaste puisqu’il rapporte 50 000 francs. La chaleur est constante, jour et nuit, et aucun locataire n’a besoin d’allumer de feu dans ses cheminées.

Les cheminées, il semble que ceux qui jusqu’au XVIIe siècle étaient chargés de leur confection, n’eussent songé qu’à pratiquer dans les appartemens des endroits où l’on puisse brûler du bois, sans réfléchir que ce bois, en brûlant, devait échauffer ces appartemens et ceux qui les habitent. Hottes imposantes des âtres féodaux, manteaux finement sculptés des foyers de la Renaissance,