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Page:Revue des Deux Mondes - 1899 - tome 152.djvu/926

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REVUE DRAMATIQUE

QUELQUES PIÈCES DE THÉÂTRE

Les théâtres ont fait preuve pendant ces derniers mois de beaucoup d’activité. On y a monté un grand nombre de pièces et changé l’affiche avec une fréquence qui témoigne d’un vif désir de nouveauté ; on n’a pas marchandé sur les décors et sur les costumes, on a mis en ligne les chefs d’emploi et fait donner les troupes d’élite. Les personnes qui vont au théâtre surtout pour les acteurs et n’attachent pas plus d’importance qu’il ne faut aux choses qu’on leur fait dire peuvent, à l’heure qu’il est, applaudir Mmes Sarah Bernhardt, Réjane, Jeanne Granier, Jane Hading, MM. Mounet-Sully, Coquelin, Guitry, Brasseur. Celles qui sont friandes du « spectacle, » avides du plaisir des yeux et de ses « vaines jouissances, » sont servies à souhait au Vaudeville et à la Porte-Saint-Martin. Celles qui tiennent pour la grivoiserie et les propos risqués ont bonne mesure aux Variétés. Celles qui demandent au théâtre mieux qu’un divertissement frivole et qui ont des aspirations, goûteront au Théâtre-Antoine des joies austères. Celles qui restent fidèles à la poésie entendront encore déclamer des vers à la Comédie-Française et à l’Odéon. Cela fait un ensemble fort brillant. A vrai dire, aucune des pièces qu’on représente sur ces scènes diverses n’appelle d’abondans commentaires. L’institution fortement établie et encore inébranlée d’une critique dramatique qui fonctionne avec régularité toutes les semaines, et même tous les jours, induit le public en erreur. Elle l’incline à croire que, pour peu que le rideau se lève sur quatre mètres de planches et de carton peint, c’est une fête à laquelle la littérature est