Aller au contenu

Page:Revue des Deux Mondes - 1899 - tome 155.djvu/233

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

dans la plaine ramène les globules au chiffre normal chez les gens bien portans.

On ne peut d’ailleurs donner de ces faits qu’une explication téléologique et par conséquent sans vertu efficace. Il semble nécessaire, pour le bon fonctionnement de l’organisme pendant les déplacemens des animaux en altitude, qu’une pression plus faible d’oxygène soit compensée par une quantité plus grande d’hémoglobine. Dans ces conditions, la quantité du gaz vital offerte à l’organisme restera la même et l’on admet que l’intensité des combustions restera la même. Mais c’est là encore une supposition gratuite. Elle est contredite par une loi fort importante que Pflüger et Voit ont contribué à établir, loi d’après laquelle l’intensité des combustions vitales n’est pas réglée par les quantités du comburant présenté aux cellules, mais au contraire par une condition inhérente à celles-ci, par ce que l’on a appelé leur besoin physiologique.


VIII

Il resterait à parler du mal des montagnes, c’est-à-dire des accidens que produit l’ascension ou le séjour aux hautes altitudes, avant que la compensation ou l’acclimatement aient eu le temps de se produire. Des accidens variés se manifestent chez l’homme et chez les animaux qui sont transportés aux altitudes extrêmes. Crocé-Spinelli et Sivel ont trouvé la mort à une hauteur de 8 600 mètres le 15 avril 1875, dans leur ballon le Zénith. Le 5 septembre 1862, le savant météorologiste Glaisher s’élevait de Wolverhampton dans un ballon conduit par l’aéronaute Coxwell : il s’évanouit, et faillit périr à une hauteur un peu supérieure à 8 838 mètres : sur deux pigeons que les aéronautes avaient conservés, l’un mourut et l’autre n’échappa que difficilement. Il semble bien, comme on l’a dit, que les poitrines humaines doivent trouver là-haut leurs colonnes d’Hercule et qu’il y ait une altitude où la nature ait dit à l’homme : « Tu n’iras pas plus loin. » Mais déjà, en deçà de cette barrière infranchissable, apparaissent des phénomènes qui sont dus pour une part à la raréfaction de l’air et qui caractérisent le mal des montagnes et le mal des ballons.

Ces accidens constituent une maladie singulière qui a les plus grandes analogies avec le mal de mer. Elle lui ressemble, au point de vue de ses symptômes, dont les principaux sont les vertiges, le vomissement et l’état syncopal, la prostration physique et morale ; elle lui ressemble encore au point de vue de son agression capricieuse qui