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Page:Revue des Deux Mondes - 1899 - tome 155.djvu/352

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24 novembre 1785, Théodose-Sainte-Donatienne Le Suc, fille d’un ancien capitaine de gabelles, d’origine bretonne, et d’une paysanne angevine, dont le P. Hyacinthe a dit qu’elle avait traversé la tempête révolutionnaire avec sa lampe à la main, ou plutôt dans le cœur, sans la laisser s’éteindre ou vaciller. « Esprit simple, mais élevé, âme ferme autant que douce, elle avait légué à ses enfans beaucoup plus qu’une fortune et qu’un titre : un sang honnête et robuste, la foi de l’Évangile, les vertus de la famille et du christianisme[1]. » De ces deux Angevins, établis à Château-Gontier dans la rue du Pélican[2], aujourd’hui rue Charles-Loyson naquirent neuf enfans dont cinq seulement vécurent, quatre garçons et une fille. L’aîné des garçons mourut à vingt-deux ans ; les trois autres firent grand honneur à leurs parens. Charles fut notre poète ; — Louis-Julien, successivement inspecteur d’académie et recteur des académies d’Orléans, de Metz et de Pau, fut le père : 1° de l’abbé Théodose Loyson, ancien professeur de théologie à la Sorbonne, à qui l’on doit un livre remarquable sur l’Assemblée du Clergé de France de 1682 ; 2° de l’orateur fameux, qui, sous le nom de Père Hyacinthe, devait illustrer la chaire de Notre-Dame ; — Julien-Jean, de dix ans plus jeune que Charles, après avoir exercé les fonctions de sous-préfet et de conseiller de préfecture, mourut à Paris attaché au secrétariat du Prince-Président Louis-Napoléon. Mais de ces trois frères que rien ne sépara dans la vie, et dont un éditeur, en tête des œuvres du poète, eut la pieuse pensée de réunir les trois profils dans un médaillon unique, c’est encore Charles qui a fait le plus pour la gloire de sa maison.

Il venait d’entrer dans sa douzième année, quand, sur les instances de l’abbé Blouin, chapelain de l’hospice Saint-Joseph, qui lui avait fait faire sa première communion et lui avait appris les premiers élémens du latin, son père le confia à M. Mongazon[3], supérieur du petit collège de Beaupréau. Il y fut un si

  1. Œuvres choisies de Charles Loyson, Albanel, éditeur, 1869, lettre-préface.
  2. C’est à tort qu’on a posé la plaque commémorative de la naissance de Charles Loyson sur la maison de la place Saint-Rémy où son père mourut le 10 décembre 1820. Ses parens ne vinrent habiter cette maison qu’entre les années 1796 et 1799, car il leur naquit une fille (Eugénie-Renée) dans la rue du Pélican, le 9 février 1796, et deux autres — deux sœurs jumelles — (Renée-Jeanne et Françoise-Perrine), place Rémy, le 11 février 1799. Je dis bien place Rémy, le mot saint ayant été supprimé dans l’acte.
  3. Après avoir dirigé pendant quelque temps le collège de Beaupréau, M. Mongazon fonda à Angers l’établissement qui porte son nom.