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Page:Revue des Deux Mondes - 1899 - tome 155.djvu/357

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favorite. Cette occasion lui fut donnée, en l’an XII, par la municipalité de Saumur. Une école secondaire communale ayant été établie par elle dans l’ancien couvent des Ursulines, la direction en fut offerte à Papin, qui l’accepta. Et telles étaient sa réputation et la considération dont il jouissait dans le pays, que cette école, à l’ouverture des cours, réunit jusqu’à 90 élèves pensionnaires et un nombre à peu près égal d’externes. Il la quitta cependant, au bout d’une année, pour épouser la veuve de l’architecte Miet qui lui apporta une belle fortune. Nommé maire de la commune de Saint-Hilaire-Saint-Florent, le 14 novembre 1805, il renonça encore une fois aux fonctions administratives pour occuper celles de régent de rhétorique au collège de Saumur, dont il avait été chargé par un arrêté du sénateur grand maître de l’Université, en date du 27 octobre 1810.

Cinq ans après, le 17 décembre 1815, il fut appelé par Royer-Collard, en des circonstances que je dirai plus loin, au poste de maître de conférences de philosophie à l’Ecole normale supérieure, mais il déclina cet honneur, par suite du mauvais état de santé de sa femme, et, à partir de ce moment, il ne songea plus qu’à prendre sa retraite. Vainement le recteur de l’Université royale d’Angers insista-t-il auprès de lui pour le décider à remplir, en 1818, les fonctions délicates de professeur de philosophie au collège de cette ville ; il lui opposa le même refus qu’à Royer-Collard, et se réfugia à Saumur, dont il était conseiller municipal depuis 1814, dans une retraite paisible d’où il ne voulut plus sortir, pas même pour remplir en 1833 le mandat de conseiller général que lui avaient confié, à son insu, les électeurs des cantons ruraux. C’est là que, dix ans plus tard, la mort le prit (10 octobre 1843) ; mais il y était préparé depuis longtemps par toutes sortes d’infirmités et de chagrins. D’abord il avait perdu sa femme et quelques amis très chers ; ensuite il était devenu sourd et presque aveugle : je crois même qu’il avait fini par perdre l’usage de la parole. La mort fut donc pour lui une véritable délivrance. Elle ne le prit pas au dépourvu. Quand il la sentit venir, il légua tous ses manuscrits et ceux qu’il avait hérités de l’abbé Rangeard à Toussaint Grille, bibliothécaire de la ville d’Angers. Il ne réserva à son neveu Florent Papin, maire de Baugé, que sa bibliothèque et sa correspondance ; et tout cela malheureusement fut dévoré par un incendie, à l’exception de quelques lettres, dont celles de Charles Loyson, que je publie