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Page:Revue des Deux Mondes - 1899 - tome 155.djvu/406

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large abri de bambou et de paille, à travers lequel le soleil laisse tomber des taches éclatantes sur tous ces groupes pêle-mêle de femmes, d’enfans et d’hommes dans leurs plus beaux costumes.

Les poonghees viennent s’aligner l’un à côté de l’autre sur une légère estrade peu élevée, vêtus de belles soies jaunes, et assis chacun derrière une petite table basse surchargée de provisions alimentaires et de toiles blanches, présens destinés à la pagode. L’ensemble forme un superbe fond de tableau.

Les femmes shanes portent la grande chemise à mi-jambe, dans laquelle elles enferment leurs genoux lorsqu’elles s’accroupissent, ce qui est la manière de s’asseoir. C’est un tissu de laine aux dessins originaux, taillé droit à la chinoise, aux larges emmanchures descendant sur les bras. Une ligne de fines coquilles blanches garnit, dans une broderie de soie, l’encolure et le devant de la blouse. Un grand sac carré de fibres recouvertes de soie rouge, brodé des mêmes coquilles, est suspendu à l’épaule. Une grosse écharpe verte, rouge, ou de diverses couleurs, est très artistement posée sur la tête, et les deux extrémités mollement rejetées en arrière dessinent une jolie ligne de profil. Détail très original : de grands cercles de cuivre brillant, superposés, leur forment de hautes guêtres, tandis que d’autres cercles font de larges genouillères comme chez les Kakhins, et que d’autres bracelets assemblés ont l’apparence de manchettes mousquetaire.

Il ne leur manque que les hauts colliers des femmes de l’étrange tribu des Padoung, au sud de Fort Stedman. Le long cou de ces femmes, curieusement comprimé depuis l’enfance par des jeux de colliers de cuivre, ne peut se développer normalement. A mesure qu’il s’allonge, on soude de nouveaux cercles et puis d’autres encore, s’élargissant sur l’encolure, afin de soutenir le cou devenu trop faible pour la tête.

Les bijoux jettent partout des notes brillantes et argentées. De grandes rondelles au cœur rouge, ornées de flots de pointes d’argent, comblent, dans le lobe de l’oreille, un trou qui sert quelquefois à porter le cigare. Une vieille femme portait en boucles d’oreilles deux entonnoirs d’argent de six centimètres de diamètre, sur un tube rouge de la grosseur d’une pièce de deux francs.

C’est à Thamakan qu’il faut abandonner les jolis bungalows et la route de garry que continuera de suivre mon convoi jusqu’à Taunggy. Le myok, le fonctionnaire indigène, a reçu ordre de se