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Page:Revue des Deux Mondes - 1899 - tome 155.djvu/432

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eux aussi, seraient considérés comme faisant partie de la dette cubaine, au même titre que d’autres dettes, assez considérables, que les autorités espagnoles avaient précédemment contractées pour s’opposer par les armes à l’indépendance de Cuba. À cette prétention, et à l’ensemble des prétentions espagnoles concernant la dette cubaine, les plénipotentiaires des Etats-Unis s’opposaient de toutes leurs forces : « A aucun point de vue, concluaient-ils, les dettes ci-dessus mentionnées ne peuvent être regardées comme dettes locales de Cuba, ou dettes contractées au profit de Cuba. En aucune manière ces dettes ne peuvent être rejetées sur l’île. Ce sont des dettes créées par le gouvernement espagnol pour ses propres fins, par ses propres agens, et dans la création desquelles Cuba n’a eu ni voix ni vote[1]. »

Les commissaires espagnols contestèrent l’exactitude de cet exposé, y signalèrent des erreurs que, du reste, ils s’abstinrent de redresser[2]. Les appréciations, en effet, ne sont pas toutes ni rigoureusement concordantes. Au début de la guerre, en 1895, une publication officieuse espagnole réduisait la dette cubaine à peu près au montant des deux émissions jusqu’alors réalisées de billets hypothécaires — c’est-à-dire à 842 500 000 pesetas[3]. C’est presque le même chiffre que le sénateur Castañeda donnait en 1891 : 875 millions. Et c’est presque le même encore que donnait au commencement de la guerre un des ardens défenseurs de la cause cubaine, M. V. Mestre Amabile[4], tout en y ajoutant 612 500 000 francs destinés à la conversion de la dette de 1886 et distraits pour les frais de la guerre, ce qui le doublait ou peu s’en faut, et faisait monter la dette aux environs d’un milliard et demi (1 439 736 000 francs). Avec ce qu’on serait obligé de payer en dommages-intérêts aux citoyens des Etats-Unis et d’autres nations,

  1. Livre rouge, n° 29, annexe B. Memorandum presentado por los Comisarios americanos (traduction), p. 55, 56.
  2. Ibid., n° 35, annexe C. Memorandum presentado por los Comisarios españoles, p. 79. Cf. n° 135 (Rapport final du président de la Commission, D. Eugenio Montero Rios), p. 318-320.
  3. España y Cuba, estudio politico y adminislrativo de la Grande Antilla bajo la dominacion española, Madrid, 1896, p. 111. Tout ce paragraphe, qui contient l’énumération des nombreuses opérations financières faites sur Cuba depuis 1868, emprunts au Banco español de la Habana, émissions de bons et billets du Trésor, en 1872 et 1874, emprunts de 1875 et 1876, émission de billets de Banco español pour le compte du Trésor, obligations avec affectation hypothécaire de 1878, dettes amortissables de 1882 ; tout ce passage, disons-nous, est assez ambigu.
  4. V. Mestre Amabile, la Question cubaine et le conflit hispano-américain. Paris, 1896, p. 59.