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Page:Revue des Deux Mondes - 1899 - tome 155.djvu/448

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POÉSIE

BUCOLIQUES


PATURAGES


Le pré, comme une nappe immense d’émeraude,
Au flanc du doux coteau déroule un vert tapis ;
Des bœufs, les uns debout, les autres accroupis,
Tachent l’herbe, où parfois un souffle embaumé rôde.

Sur le fond velouté du pacage charmant.
Ceux-ci paissent, ceux-là ruminent, lents et graves ;
Et pacifiques tous, et tous libres d’entraves.
Hument l’air pur du large et songent vaguement.

Lorsqu’un des compagnons se sépare du groupe,
Il s’aventure au bout de l’enclos, et soudain
Lançant à l’horizon un regard de dédain,
Revient superbe, avec du soleil sur la croupe.

Des mufles alourdis s’exhale un jet puissant,
Dont la chaude vapeur flotte par l’étendue ;
Et du berger lointain, silhouette perdue,
S’allonge l’ombre grêle au radieux versant.