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Page:Revue des Deux Mondes - 1899 - tome 155.djvu/851

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contrôler la gestion des fondations charitables ayant pour objet l’instruction, et cette Commission, dite de charité, qui fut renouvelée sans interruption pendant trente ans (1817-1837), mit à nu des abus et des dilapidations scandaleuses.

Cette commission ramena peu à peu les fonds de ces donations charitables à leur destination propre : le soulagement des pauvres et l’instruction de leurs enfans. On multiplia et améliora les écoles primaires.

Brougham ne s’en tint pas là ; il voulut procurer aux adultes les bienfaits de la science, et surtout la connaissance des élémens des sciences physiques et naturelles. Il prêcha aux ouvriers de la grande industrie le goût de l’étude et de l’économie ; . il leur montra les fruits qu’ils en tireraient pour devenir plus habiles dans leur métier et, partant, pour accroître leur salaire. D’autre part, il signalait aux riches les principaux obstacles qui s’opposaient à la diffusion de l’instruction dans le peuple et étaient à ses yeux la cherté des écoles et des livres. Sa campagne, secondée par son éloquence, fut couronnée de succès.

Avec l’aide du docteur Birbeck, qui avait fondé à Glasgow les premiers cours de ce genre, et au moyen de souscriptions privées, il établit à Londres, en 1823, sous le nom de Mechanic’s Institute, des cours de science appliquée aux arts et métiers, qui se propagèrent rapidement dans les grandes villes manufacturières. Bientôt après, la Société pour la diffusion des Connaissances utiles (1825), fondée avec le concours des lords Aukland et Althorpe, de sir John Russel, de l’historien Hallam, etc., répandit par milliers d’exemplaires à bon marché des traités élémentaires sur les sciences et les arts. Henry Brougham inaugura la série de ces manuels par un traité sur les Plaisirs et avantages de la science[1].

Ainsi, la question de l’instruction populaire était dans l’air. Il s’agissait d’en faire une réalité et pour cela, il fallait qu’un crédit pour les écoles fût ouvert au budget ; c’est encore à Henry Brougham et aux députés de son parti, les whigs, qu’en revint l’honneur.

Depuis 1807, le législateur s’était efforcé de préserver les enfans des inconvéniens d’un travail prématuré dans les fabriques mais il n’avait pas pourvu à leur enseignement. En 1833, l’année même où M. Guizot fit voter en France la loi qui organisait

  1. Ce traité a été traduit en français et publié à Paris, en 1823.