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Page:Revue des Deux Mondes - 1899 - tome 155.djvu/862

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soumises à l’inspection du gouvernement, était très inférieur à celui des écoles publiques, mais encore elles se trouvaient dans de mauvaises conditions hygiéniques. La classe se faisait souvent dans une misérable chambre à coucher et ressemblait plutôt à une garderie. On n’y enseignait quasiment qu’un peu de lecture. Quant au prix de revient annuel de l’instruction, il était de 30 fr. 15 par tête dans les écoles anglicanes, de 31 fr. 25 à l’école catholique et de 40 francs à l’école non-conformiste. Il est vrai que les administrateurs de ces dernières percevaient une rétribution scolaire plus élevée. Au contraire, dans les écoles juives, 75 p. 100 des enfans étaient reçus gratuitement.


III

L’année 1870 marque une étape considérable dans le développement de l’école anglaise. Jusqu’alors, l’Etat avait laissé toute l’initiative aux sociétés particulières. Une localité avait-elle besoin d’école ? elle s’adressait par l’intermédiaire de son pasteur ou d’une association scolaire au département d’Instruction publique, et celui-ci lui venait en aide pour la bâtisse et l’entretien de l’école à certaines conditions. Mais si un village, voire un district ne se souciait pas de l’entretien des enfans, le gouvernement ne pouvait lui imposer l’obligation d’ouvrir une école. En d’autres termes, alors, l’enseignement primaire était aux mains du clergé anglican ou d’associations scolaires protestantes, et l’obligation n’existait que pour les enfans de troupe ou de fabrique, les pupilles des écoles industrielles, des workhouses et des maisons de correction. A partir de cette époque, tout change : l’école primaire devient une affaire de l’Etat, qui tend à lui donner un caractère neutre, obligatoire et gratuit. Mais, combien différente a été l’application de ces principes en France et en Angleterre ! La ligue de Birmingham, formée par le parti radical, réclamait la réalisation immédiate et intégrale de ces idées ; elle eût voulu édicter les peines d’amende et de prison, comme sanction de l’obligation scolaire. Mais, grâce à la résistance des conservateurs et à la sagesse des libéraux, le Parlement britannique a mis plus de vingt ans à réaliser ce programme et s’est efforcé de ménager les écoles libres. Nous, au contraire, nous avons organisé l’instruction primaire au moyen de trois lois, votées coup sur coup, sous l’énergique impulsion de Jules Ferry,