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Page:Revue des Deux Mondes - 1899 - tome 155.djvu/868

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Actuellement, un projet de loi a été présenté à la Chambre des communes par MM. Robson, Burns, Yoxhall, tendant à rendre l’école obligatoire jusqu’à douze ans au lieu de onze, à partir du 1er janvier 1900. Le bill a été combattu par les députés de plusieurs comtés agricoles et districts manufacturiers pour la raison qu’il désorganiserait le travail et priverait les classes pauvres d’une source de revenus. Mais les promoteurs du bill ont été appuyés par sir John Gorst, chef du département de l’Instruction publique, qui a signalé le tort qu’on faisait à la nation, en arrachant à l’école 50 à 60 mille enfans, précisément à l’âge où ils pouvaient profiter le plus de l’instruction et montré les déplorables effets du système de l’école de demi-temps. L’éminent homme d’État a fait une distinction qui me paraît fort juste entre les districts ruraux et les régions manufacturières :

« Les lois scolaires, a-t-il dit, ont été inventées pour les grandes villes et les régions ouvrières, elles s’adaptent mal au genre de vie des campagnes. Autant le travail en fabrique est malsain, autant le travail des champs est salutaire aux enfans qui sont à l’âge de la croissance. » Il voudrait donc qu’on laissât à certaines administrations locales, bien qualifiées, le droit de modifier les applications de la loi d’obligation, comme cela se fait en Suisse, en Bavière et au Canada[1].

Dès 1889, l’Ecosse avait établi la gratuité dans ses écoles primaires en appliquant au remboursement des rétributions scolaires les droits de vérification et d’autorisation de débit de boissons alcooliques. Le vice-président du Conseil privé ne voulut pas laisser l’Angleterre trop en arrière et proposa, en 1891, une loi qui accordait 10 shillings par an, aux écoles primaires, pour tout enfant de 3 à 15 ans, ayant une bonne moyenne de fréquentation, à la condition qu’on ne ferait payer aucune rétribution aux écoliers de cet âge. C’est ce qu’on appela le fee-grant. Les résultats ne se firent pas attendre. En 1896-97, sur un total de 5 507 039 élèves des écoles primaires publiques, il n’y en avait plus que 735 142 qui payassent encore, et 101 écoles sur 19 958 ne recevaient pas le fee-grant. Une autre conséquence de cette loi a été d’accélérer le mouvement, qui tendait depuis quelques années à envoyer les enfans du Bureau des pauvres aux écoles primaires

  1. Voir débats de la séance des Communes du 1er mars 18911 dans le School Guardian du 4 mars 1899. Le bill a passé victorieusement par I épreuve du Comité et est revenu devant la Chambre qui l’a voté.