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Page:Revue des Deux Mondes - 1900 - tome 160.djvu/188

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faire de grandes dépenses, et, par conséquent, elles devaient trouver de nouvelles sources de revenus. Placées entre l’alternative ou d’augmenter les impôts de la commune, ou de transformer en entreprises communales les entreprises privées, les services publics, constitués en monopoles, tels que le gaz, l’eau, les tramways, la force électrique, si fructueuses pour les actionnaires des compagnies concessionnaires, c’est à ce dernier parti que les communes urbaines se sont résolues. Elles étaient admirablement préparées par l’habitude de l’association, par l’esprit commercial plutôt que bureaucratique, rompu à la pratique des affaires. Elles en ont tiré des ressources considérables.

A vaut l’établissement du comté de Londres, en 1889, ce genre d’action communale existait surtout en province, dans les grandes villes manufacturières du Nord, à Glasgow, à Birmingham, où M. Chamberlain débutait sur la scène politique en qualité de maire radical et intransigeant, et conduisait les affaires de la ville avec le même succès que sa propre maison de commerce : même activité à Liverpool, à Leeds, à Bradford[1].

C’est à Glasgow que la transformation a été la plus complète et la plus rapide. La ville a obligé les propriétaires à détruire toutes les maisons insalubres : les quartiers ouvriers ont été transformés. On a vu s’élever d’immenses corps de bâtiments municipaux, que la municipalité met en location elle-même à des taux modérés. La ville a construit des bains, des blanchisseries, des abattoirs, des galeries d’art, un muséum, des bibliothèques, des maisons de refuge, des écoles industrielles, etc. Tout cela grâce aux bénéfices qui résultaient, pour la municipalité, d’avoir pris en main différentes entreprises d’intérêt public avec plein succès, les tramways, l’eau, le gaz, la lumière électrique. Le prix du gaz a été abaissé de 4 shillings, dans la proportion à 2 shillings 6 pence.

Londres n’est pas aussi avancé dans la voie de la municipalisation. La production du gaz s’y fait moitié par concession, moitié par entreprise publique, tandis que Manchester a toujours fabriqué son gaz. Londres n’a même pas son eau municipale : huit sociétés privées subviennent aux besoins de la ville. Mais le comité des travaux publics a mis des entreprises considérables en régie. La protection ouvrière est très développée : les conditions du travail

  1. Voir le livre de Dolman, Municipalities at work.