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entreprises de la ville ou dans les adjudications, le salaire minimum, le maximum des heures de travail. Il serait facile de relever dans les délibérations du Conseil municipal de Paris une foule de délibérations qui n’ont d’autre utilité que de profiter à certaines catégories d’électeurs et d’être payées par tous.

Après la loi de 1884 commencent les subventions aux grèves, faites aux frais des contribuables. Le Conseil résolvait ainsi la question de savoir si le contribuable paie l’impôt pour intervenir dans le contrat de louage, et décider, par exemple, si un patron a eu tort ou non de vouloir conserver un contremaître. Pourquoi dès lors un Conseil municipal réactionnaire de Bretagne ou de Vendée ne subventionnerait-il pas à son tour des patrons en lutte avec les ouvriers ? Une municipalité anglaise qui se mêlerait d’accorder des subsides aux grévistes, s’exposerait à des poursuites, et se verrait condamnée à des dommages-intérêts considérables.

On a proposé au Conseil de taxer le pain et la viande, de fabriquer même le pain, et de vendre la viande et les denrées alimentaires. En matière d’octroi, M. Baudin, lors de sa dernière présidence, annonçait de vastes projets fiscaux. Il ne s’agirait de rien moins que de frapper les classes possédantes d’un impôt de 230 millions, destiné à remplacer l’octroi.

Si le Conseil municipal de Paris n’a accompli aucune œuvre de services publics qui se puisse comparer à celle des municipalités anglaises, c’est, nous dit M. Adrien Veber, qu’il est lié par les concessions des grandes Compagnies, enserré dans les limites oppressives de la légalité.

De toutes les capitales, Paris est la plus mal desservie et la plus chèrement, en ce qui concerne les transports et les moyens de communication. La comparaison avec Londres, avec Berlin, et une foule de villes de moindre importance est humiliante. Le Conseil a fini par se décider à voter le chemin de fer métropolitain, et il a appliqué la politique socialiste en prenant part à sa construction. Il faut en attendre les résultats au point de vue de la solidité, et de la sécurité des voyageurs. La ville ne l’exploitera pas directement, elle a accordé une concession de trente-cinq ans ; mais elle conserve une influence sur le fonctionnement de l’entreprise ; elle s’est réservé une part importante des recettes brutes, le droit d’intervenir dans la situation des employés de chemin de fer, pour la fixation des salaires, le temps de travail,