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Page:Revue des Deux Mondes - 1900 - tome 160.djvu/683

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trouveront un ample butin. Les mégaptères et les baleinoptères y ont été découverts, en grand nombre, par les membres de l’expédition belge.

La côte orientale du nouveau détroit est formée en haut par la Terre de la Trinité ; en bas, vers le Sud, par la Terre de Graham ; et, reliant les deux, par une terre inaperçue jusque-là, qui a reçu le nom de Terre de Danco, en l’honneur de l’un des membres de l’expédition qui a laissé sa vie dans ces parages. Les rives sont bordées de montagnes à pentes rai des et à vallées étroites, dont quelques-unes atteignent jusqu’à 2 000 mètres de hauteur. À l’époque où la Belgica le traversait, ce chenal était libre de glaces, mais les roches cristallines anciennes qui en forment les bords étaient, à l’exception de quelques petites îles, entièrement recouvertes d’une carapace de glace, de telle sorte que les parois des falaises montraient seules la roche à nu.


À mesure que l’on avançait vers le Sud, les icebergs devenaient plus nombreux, et enfin le navire trouva devant lui la couche de glace continue, la banquise. Pendant près de trois semaines, du 16 février au 5 mars 1898, il fit les plus grands efforts pour s’y frayer un passage, en suivant les crevasses, en profitant des tranchées et des fractures que l’action des vents et de la tempête y déterminait. Mais, à cette date, la masse glacée se referma définitivement sur le navire. La Belgica était bloquée pour longtemps. Sa captivité a duré un an.

Le second du navire, le lieutenant Lecointe, a bien exprimé les sentimens que ressentirent les voyageurs en voyant se fermer sur eux tout moyen d’avancer ou de reculer. C’était à la fin de l’été austral ; le soleil se montrait encore, mais on savait qu’il disparaîtrait bientôt et que l’on entrerait, du même coup, dans le froid et dans la nuit. Combien de temps durerait cet emprisonnement ? Qu’allait-on devenir dans ce désert glacé ?


La banquise n’était pas immobile. Les observations montrèrent qu’elle se déplaçait. Les premiers jours, elle marcha vers le Sud, d’abord de quelques milles, puis plus lentement. Où allait-elle ? Dans leurs conciliabules, les voyageurs examinaient anxieusement toutes les alternatives. Cette lente dérive, si elle persistait, devait les amener, — en combien de mois ou d’années ? — vers le continent polaire, où ils seraient éternellement arrêtés, sans