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Page:Revue des Deux Mondes - 1900 - tome 160.djvu/869

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expliquée, il restait à en expliquer la transmission. Le problème, désormais circonscrit, consistait à rechercher comment l’« hématozoaire de Laveran » pénètre de l’homme contaminé dans l’homme encore indemne. Plusieurs des savans qui, dans l’Europe entière, étudiaient le paludisme, et M. Laveran lui-même, entrevirent comme possible la solution qui aujourd’hui est établie comme certaine. Mais c’est le médecin anglais Ross qui, le premier, détermina rigoureusement l’agent de transmission d’une maladie analogue à la malaria humaine. Comme il étudiait dans l’Inde la malaria à laquelle sont sujets les oiseaux, il prit soin d’observer non seulement les oiseaux malades, mais encore les moustiques qui les harcelaient ; et, sous le microscope, il parvint à voir dans le corps d’un « moustique gris » croître et se reproduire avec une fantastique abondance les hématozoaires spéciaux qui provoquaient la maladie.

Cependant les savans italiens n’étaient pas restés inactifs. Plusieurs d’entre eux, et spécialement MM. Marchiafava, Celli et Golgi, avaient, par leurs recherches personnelles, confirmé la découverte de Laveran dans le temps où son hématozoaire, mal accueilli par les savans dont il contrariait les hypothèses, passait pour un mythe dans la plupart des laboratoires. Les études furent poussées avec zèle dans les principales facultés de médecine et particulièrement à Pavie et à Rome. La matière des expériences n’était que trop abondante. Les fiévreux se trouvaient partout : entre les soldats, les cantonniers, les laboureurs, on avait le choix.

Il ne fallut pas chercher bien longtemps pour réunir une collection de tous les moustiques italiens dans une salle de l’hôpital romain de Santo Spirito, que l’on appellera longtemps la Camera delle zanzare. Les médecins italiens approchaient du terme de leurs recherches, quand la Société pour l’Étude de la Malaria, fondée en 1898, vint donner aux chercheurs isolés les moyens d’étendre et de concerter leur action. Enfin les conclusions longuement préparées purent être formulées avec autorité, et, dans le courant de l’année 1899, elles furent livrées au public en une série de mémoires[1]. L’œuvre des savans italiens avait été exactement une combinaison des deux découvertes

  1. Je citerai particulièrement l’étude complète de M. A. Celli, professeur à l’Université de Rome, La malaria seconda le nuove ricerche, dont une seconde édition a paru le 1er janvier 1900.