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Page:Revue des Deux Mondes - 1900 - tome 160.djvu/913

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pêches, nous prenions comme exemple nos pêcheurs du banc, en considération de leur nombre, de la nature difficile de leur pêche et de leur isolement prolongé.

Voyons d’abord leur habitation.

Les navires du banc sont naturellement pontés ; ce sont même de très gros bateaux, afin de pouvoir tenir la mer dans des parages tourmentés. Sous le pont, l’espace est partagé en trois compartimens : à l’arrière le logement du capitaine, à l’avant le logement de l’équipage. Ces deux compartimens des extrémités sont aussi restreints que possible en vue de laisser au troisième, celui du milieu, le développement le plus important, car c’est dans ce dernier, qui constitue pour ainsi dire le magasin, que l’on met la morue.

A notre point de vue, le compartiment qu’il est le plus intéressant d’étudier est celui de l’avant, le poste de l’équipage.

Ce poste n’a qu’une issue, en haut, sur le pont ; c’est par là qu’entrent à faible dose l’air et la lumière et que descendent les hommes par une échelle verticale. Dans ce poste obscur, on trouve un poêle, et contre les parois une série d’enfoncemens étages, représentant autant de couchettes pour deux. Heureusement que, sauf pour prendre un peu de sommeil, les hommes, toujours au travail, n’ont pas le temps de stationner dans leur poste encombré. Bien entendu que, pour se coucher, les pêcheurs ne se déshabillent jamais et ne quittent même pas leurs grandes bottes de pêche.

Par sa nature elle-même, la campagne de pêche sur le banc expose nos marins à des périls nombreux :

D’abord, pour se rendre sur le banc, les navires de pêche courent les risques de rencontrer les glaces, soit sous forme de banquise ou glaces de surface, au milieu desquelles ils peuvent rester immobilisés, soit sous forme de montagnes de glaces (icebergs) contre lesquelles ils peuvent se briser, comme cela est arrivé au Vaillant en 1897 ; car c’est précisément à la même époque, au commencement de la belle saison, que ces amas de glaces se détachent des régions polaires et sont emportés par les courans vers le Sud où ils viennent heureusement se fondre dans les eaux chaudes du Gulf-stream. Ce n’est qu’au Sud du Gulf-stream que la navigation est à l’abri des glaces ; or, les navires banquiers doivent passer au Nord ; d’où pour eux le danger des glaces flottantes.

Arrivés et mouillés sur le banc, bien que ce soit la bonne