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Page:Revue des Deux Mondes - 1900 - tome 160.djvu/916

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sur nos pêcheurs du large, qui, soumis à l’inscription maritime, constituent d’autre part la réserve de notre armée de mer. Existe-t-il un autre groupe humain de travailleurs payant un plus lourd tribut à la maladie et à la mort ?

Et pourtant, ce n’est qu’à une époque relativement récente que, chez nous comme à l’étranger, l’opinion publique s’est émue de la situation pénible des pêcheurs du large, et que l’initiative privée a songé à leur porter assistance.

Grâce au ciel, en France, la Société des Œuvres de mer, comme nous le verrons, a résolu rapidement, du premier coup et d’une manière totale, ce problème complexe de l’assistance aux marins des grandes pêches ; mais, avant d’aborder ce sujet qui est l’objectif dominant de cette étude, il nous paraît bon, pour préparer le terrain, de rappeler les tâtonnemens et les efforts tentés aussi bien à l’étranger qu’en France en vue d’assister efficacement les pêcheurs de la haute mer.

Commençons par l’étranger, en suivant l’ordre chronologique,


II

En 1877 fut créée en Angleterre la Société de l’hôpital Saint-Jean (Saint John hospital association).

Au fond, c’est une émanation, un rameau du grand ordre militaire et religieux des Frères de Saint-Jean de Jérusalem, fondé à Jérusalem bien avant les croisades et dont sont déjà sorties tant de confréries célèbres, par exemple l’ordre des Templiers si malmenés par Philippe le Bel.

Cette Société de l’hôpital Saint-Jean a pour but principal de vulgariser par des conférences les secours que peuvent, en l’absence du médecin, se porter les travailleurs. Les centres où se font ces conférences sont surtout les ports d’armement pour la pêche, et c’est précisément à ce point de vue que cette société nous intéresse ; mais la Société s’occupe encore des milieux miniers et industriels. Ce n’est pas tout : la Société, très prospère, a pu créer des hôpitaux où les jeunes filles des meilleures familles donnent l’exemple du dévouement aux malades ; elle est même particulièrement fière de compter dans ses rangs, comme élémens très actifs, des membres de la famille royale. Naturellement elle est sous le patronage de la Reine.

En 1882 s’est fondée en Allemagne, sous l’impulsion d’un