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Page:Revue des Deux Mondes - 1901 - tome 1.djvu/100

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ouvrière et active de ces machinations, n’ait pu obtenir la commission de principal agent des princes et ait été comme disgracié pour avoir tenté de faire éclater la révolte avant que les moyens d’exécution fussent suffisamment assurés. »

La conclusion que tirait ce rapport de la minutieuse analyse des papiers saisis n’était que trop justifiée par la réalité des faits. L’auteur de ces plans plus ingénieux que réalisables avait dû se résigner à ne tenir que le second rôle, sous les ordres, de Précy et de Chavannes. Il espérait du moins que sa vaillance dans l’action et le succès final lui rendraient la première place, à laquelle il se croyait des droits. C’est tandis qu’il nourrissait cet espoir et attendait le signal d’entrer en branle que la saisie de ses papiers venait le dénoncer tout à coup au Directoire, anéantir ses projets et désigner à la police la plupart des gens qui s’y étaient associés.


II

Au cours de ces événemens, et bien loin de les soupçonner, Bésignan résidait à Lyon, tantôt sous un nom, tantôt sous un autre. Il y était venu, après le 9 thermidor, avec quelques-uns des gentilshommes que nous avons désignés plus haut, et notamment avec le marquis de Surville et le chevalier de Lamothe, qui se tenaient comme lui prêts à agir. Repoussé par Imbert-Colomès, qui le considérait comme un brouillon et ne voulait même pas le recevoir, il se plaignait des défiances dont il était l’objet, se vantait auprès de ses compagnons d’avoir reçu une mission formelle, se livrait d’autre part à une active propagande parmi les royalistes lyonnais, s’absentant parfois pour aller se montrer, dans le Vivarais, la Lozère et l’Auvergne, aux bandes qu’il avait déjà recrutées en vue d’une action prochaine, et multipliant de tous côtés les demandes d’argent.

C’est donc à Lyon que dans les derniers jours de 1795, lui parvint de Besançon la nouvelle de la saisie de ses papiers. C’était un désastre pour sa cause et pour lui-même. Sur son désir formel, Surville et Lamothe se séparèrent de lui. Surville partit pour le Vivarais, Lamothe pour la Haute-Loire. Imbert-Colomès, qu’il avait pu prévenir, s’empressa de fuir et parvint à gagner la Suisse. Quant à lui, il partit de Lyon, mais resta caché aux environs de la ville, d’où il put assister aux suites douloureuses de