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Page:Revue des Deux Mondes - 1905 - tome 30.djvu/160

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Et le fer, respectant ses longues tresses blondes,
Ne l’avait pas vouée aux infernales ondes.
Iris, du haut des cieux, sur ses ailes de feu,
Descend vers Proserpine : « Oui, qu’à l’infernal dieu
Didon soit immolée ; emporte enfin ta proie… »
Elle dit ; sous le fer soudain le crin mortel
Tombe ; son œil se ferme au sommeil éternel
Et son souffle s’envole à travers les nuages.
(Trad. de Virgile, En., IV.)


C’est un pastiche ingénieux qu’un jeune poète, aujourd’hui l’un des plus illustres prosateurs de France, avait combiné pour se divertir aux dépens des chercheurs et des curieux. Il n’y a que trop réussi ; et Becq de Fouquières lui-même, charmé par ces vers ignorés de M. Gabriel de Chénier, s’est toujours obstiné à maintenir dans toutes ses éditions ce fragment malicieux.


IX. ESQUISSES ET PROJETS. — Esquisses m’a semblé préférable à l’affreux mot de Canevas. André Chénier, on ne le doit pas oublier, était peintre aussi. Il mêlait volontiers les deux arts, et lorsqu’il notait : « on peut faire un petit quadro ; » il n’est pas aisé de distinguer s’il entendait un tableau écrit ou peint.

Aux projets qui n’ont jamais été exécutés, aux sujets indiqués en quelques lignes, j’ai tenu à joindre les esquisses des Poèmes. Elles expliquent la méthode de travail d’André Chénier et témoignent du soin minutieux qu’il apportait à l’élaboration de son plan. Les esquisses de l’Aveugle et de la Liberté sont des plus sommaires. Ce n’est sans doute qu’une première idée jetée sur le papier. Les scénarios complets ne nous sont point parvenus. Celui du Mendiant est déjà plus détaillé. Mais l’esquisse du Malade est poussée aussi loin que possible ; et l’on peut y lire, écrits comme de la prose, nombre de vers qui se retrouvent dans l’œuvre achevée. Quant à celle de l’Esclave, je n’ai pas cru devoir l’insérer ici, m’en étant servi, comme on le verra plus loin, pour reconstituer ce poème.


X. POESIES DIVERSES. — Un tel livre de vers ne pouvait finir en prose. D’ailleurs, la place de ces Poésies diverses semblait tout indiquée. Elles sont la terminaison naturelle des Bucoliques.

Dans la dernière moitié du XVIIIe siècle, le succès des Idylles