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Page:Revue des Deux Mondes - 1911 - tome 1.djvu/444

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POÉSIES

L’ADIEU


On ne peut rien vouloir, mais toute chose arrive,
Je ne vous aime pas aujourd’hui tant qu’hier,
Mon cœur n’est plus une eau courant vers votre rive,
Mes pensers sont en moi moins divins, mais plus fiers.

Je sais que l’air est beau, que c’est le temps qui brille,
Que la clarté du jour ne me vient pas de vous,
Et j’entends mon orgueil qui me dit : « Chère fille,
« Je suis votre refuge éternel et jaloux.

« Quoi, vous vouliez trahir le désir et l’attente ?
« Vous vouliez étancher votre soif d’infini ?
« Vous, reine du désert qui dormez sous la tente,
« Et dont le cœur vorace est toujours impuni ?

« Vous qui rêviez la nuit comme un palmier d’Afrique
« À qui le vaste ciel arrache des parfums,
« Vous avez souhaité cet humble amour unique
« Où les pleurs consolés tarissent un à un !

« Vous avez souhaité la tendresse peureuse,
« L’élan et la stupeur de l’antique animal ;
« On n’est pas à la fois enivrée et heureuse,
« L’univers dans vos bras n’aura pas de rival ;