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Page:Revue des Deux Mondes - 1911 - tome 1.djvu/475

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CHRONIQUE DE LA QUINZAINE.




Le Parlement est rentré en session le 10 janvier. À la Chambre des députés, une question se posait dès le premier jour : quel serait le président que la majorité porterait au fauteuil ? Deux candidats se présentaient à son choix, M. Henri Brisson et M. Paul Deschanel ; ils sont trop connus l’un et l’autre pour que nous ayons à parler, soit de leurs personnes, soit de la signification politique de leurs candidatures. La lutte a été chaude. Il y a eu deux tours de scrutin : au premier, le seul où on s’est vraiment compté, M. Brisson a eu 250 voix et M. Deschanel 212 ; au second la majorité de M. Brisson s’est élevée à 270 et il a été proclamé élu. Les socialistes unifiés ont voté pour M. Jules Guesde, ce qui était une manière de s’abstenir. On peut conclure de cette élection que le parti radical est le plus nombreux au Palais-Bourbon ; à vrai dire on s’en doutait, ou plutôt on le savait ; mais les radicaux auraient tort de croire, comme quelques-uns de leurs journaux le leur assurent, qu’ils se suffisent à eux-mêmes et n’ont besoin de personne, 250 voix, ni même 270 ne sont pas la majorité de la Chambre. M. Deschanel doit les nombreux suffrages qui se sont portés sur son nom à la sympathie qu’excite sa personne et à l’éclat qu’a son talent. Cet échec ne le diminue nullement. Mais s’il a pour lui l’avenir, M. Brisson avait son passé, qui est aussi une force, la possession d’état, la fidélité de ses amis. La balance a penché de son côté. Au Sénat, la réélection du bureau n’était pas contestée et ne faisait pas de doute.


Les vacances du Jour de l’an n’ont été troublées par aucun incident qui vaille la peine d’être relevé. Nous devons pourtant dire un mot de l’affaire Durand, parce qu’elle a rempli pendant quelques jours les colonnes des journaux et que, sans doute, elle le